En musardant dans les rues d’Angers

12/04/2021

Première grande ville de France où il fait bon vivre, selon un classement établi par l'Express Magazine et une citation inscrite sur le fronton de sa gare ferroviaire, Angers bénéficie du label Ville d'art et d'histoire du Ministère de la Culture et de la Communication. Située au cœur du Val de Loire, région classée au patrimoine mondial, la capitale du Maine-et-Loire a conservé une authenticité qui se vérifie aux quatre coins de son territoire. La preuve par la visite...

L'impressionnante Montée Saint-Maurice avec la non moins majestueuse cathédrale.
L'impressionnante Montée Saint-Maurice avec la non moins majestueuse cathédrale.

Si quelqu'un veut découvrir l'immanquable monument, on lui répondra invariablement qu'il y en a un qui s'impose par son gigantisme, sa présence, son aura, son histoire. Il s'agit de cette forteresse médiévale aux allures de colosse indestructible : le château du Roi-René avec son pont-levis, ses dix-sept tours et son chemin de ronde. Ancré sur son promontoire, dominant la Maine et les quartiers alentours, il veille depuis l'an 1300 sur son territoire et ses sujets. Mais l'attrait ne s'arrête pas là, car ce géant à la force brute se veut raffiné quand il abrite l'extraordinaire tenture de l'Apocalypse, ce chef-d'œuvre de l'art médiéval.

Face à la façade de verre et de végétation suspendue de la Gare Saint-Laud, les rues d'Anjou et de la Gare convergent vers la place de la Visitation, dont le centre est marqué par la statue de Marguerite d'Anjou, fille du roi René et reine d'Angleterre. Une sculpture qui fut un temps escamotée par le régime de Vichy pour son bronze, puis refaite par le sculpteur Paul Belmondo en 1949. Ceinturé et animé par de petits commerces, ce discret, mais non moins dynamique quartier, se donne des airs de village et coule des jours paisibles, à deux pas de l'hyper centre.

Sur la place du Ralliement, le Grand Théâtre d'Angers en toile de fond.
Sur la place du Ralliement, le Grand Théâtre d'Angers en toile de fond.

Avec son architecture du XIIe siècle et sa silhouette élancée, la cathédrale Saint-Maurice marque les limites entre la cité historique et le centre-ville. De sa position perchée, elle offre une vue plongeante sur la Doutre et la rivière en contrebas, par-delà la volée de marches de la Montée Saint-Maurice. Mais la meilleure façon de l'admirer consiste à se poster en bas de l'imposant escalier, dos à la rivière, et de lever les yeux pour embrasser d'un seul regard ce chef-d'œuvre gothique. Tout en restant sur le site, on ne saurait trop vous conseiller de contourner l'édifice par sa gauche, via la rue du Chanoine-Urseau, afin de découvrir le Palais Episcopal, classé monument historique et ancienne résidence des évêques d'Angers.

Ville de musées par excellence, la cité du roi René offre plusieurs choix, dont le musée des Beaux-arts et le Musée Jean-Lurçat, chacun d'eux étant situé de part et d'autre de la rivière qui sépare la ville. Dans le premier, hôte du splendide hôtel particulier du logis Barrault, ce sont 3 000 m2 d'exposition qui sont visibles, dont le célèbre Arbre-Serpents de Niki de Saint Phalle. À proximité, l'excellence se matérialise en découvrant la lumineuse et majestueuse Galerie David-d'Angers, ancienne abbatiale, peuplée par de grandioses sculptures. Quant au second musée, l'ancien hôpital Saint-Jean, il expose les dix monumentales tapisseries « Le Chant du Monde » créées par Jean Lurçat. Pas moins !

La maison d'Adam, classée monument historique, place Sainte-Croix.
La maison d'Adam, classée monument historique, place Sainte-Croix.

Elle est à Angers ce qu'est la place Stanislas à Nancy, la place du Capitole à Toulouse ou la place de la Concorde à Paris, la place du Ralliement demeure le passage obligé des visiteurs comme des habitants. Là, vous êtes au cœur de la ville avec de splendides bâtisses de style haussmannien pour décor, le Grand Théâtre, les Galeries Lafayette, la Brasserie du Théâtre (ancien hôtel des postes), des terrasses de cafés, des boutiques. Sur cette esplanade, à la croisée des rues d'Alsace, de la Roë et Lenepveu, la quiétude angevine s'extériorise au grand jour : on s'y arrête, on s'y croise, on y flâne, on s'y assoit. Il y a même un tramway bigarré, l'un des plus beaux de France dit-on, qui vient y déverser son flot de voyageurs.

On contemplera aussi quelques lieux remarquables comme la Maison bleue du boulevard Foch, toute habillée par le célèbre mosaïste Odorico, la cité historique avec ses ruelles pavées et ses maisons à colombages, l'incomparable Maison d'Adam, la Collégiale Saint-Martin et tutti quanti. Autant de témoignages d'époque... En revanche, lui est de nos jours, puisque créé en 2010, mais il en impose avec ses 12 hectares : Terra Botanica est à la fois parc de loisirs et parc végétal, unique en Europe avec son fonds de 300 000 végétaux venus de tous les continents.

Bucoliques à souhait, les quais de Maine offrent un panorama sur le château et la cathédrale.
Bucoliques à souhait, les quais de Maine offrent un panorama sur le château et la cathédrale.

« Et plus que l'air marin la douceur angevine », comme l'a écrit le poète Joachim-du-Bellay pour bien signifier sa nostalgie du loin de son exil romain. Alors, manière de vérifier l'adage, on viendra prendre la pause dans le cadre apaisant de ces parcs citadins et voisins : le jardin des Plantes et le jardin du Mail, deux espaces de verdure dans un même périmètre... Et enfin, pour clore son périple urbain et profiter d'un ultime point de vue, un petit détour par le port de plaisance de la cale de la Savatte pourrait parachever l'enchantement patrimonial.

Michel B.