Une BD numérique sur les œuvres d’art volées par les nazis

17/11/2019

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'occupant nazi a élaboré une gigantesque entreprise de spoliation d'œuvres d'art aux dépens de familles juives. Parmi les 60 000 biens dérobés, 45 000 ont été rendus à leurs ayants-droit, d'autres sont conservés dans des musées nationaux en attente de restitution. Dépositaire de sept de ces tableaux, le Musée des Beaux-arts d'Angers a imaginé la publication d'une bande dessinée numérique, Le portrait d'Esther, autour de cette spoliation de grande ampleur. Une réussite !

Afin de sensibiliser le grand public sur ce pan d'histoire parfois ignoré, les musées d'Angers ont monté un projet d'envergure à destination des 15-17 ans (mais pas que) en publiant cette bande dessinée numérique, consultable gratuitement sur de nombreux supports (site internet, application, tablette, smarphone). Dessiné et écrit par Romain Bonnin et Pierre Jeanneau, ce roman graphique historique - dont la fabrication a débuté en 2016 - est étoffé par un document que les concepteurs ont appelé « Le Carnet noir ». Ce contenu additionnel autorise des allers et retours entre les cases de la bande dessinée et des notes historiques à travers du multimédia : textes, images, vidéos.

« Le portrait d'Esther » constitue donc une approche inédite et méconnue sur le destin des œuvres d'art confisquées aux juifs pendant l'occupation allemande. À travers une bande dessinée réalisée en noir et blanc et proposée sur cinq épisodes, le scénario mêle fiction (un peu) et réalité (beaucoup) dans le seul but de conduire au plus vite le lecteur dans l'histoire des années quarante. Celle-ci vous plonge dans l'univers des marchés de l'art sous l'Occupation. Émergeant régulièrement dans le dessin, des personnages ayant existé donnent de la pertinence à un récit qu'on ne peut pas lâcher avant de l'avoir mené à terme.

Et le scénario dans tout ça ? Afin de ménager le suspense, on se contentera volontairement du résumé fourni par le M'A sur son site : « Le lecteur va plonger dans un secret de famille : celui du portrait disparu de la jeune Esther, peint dans les années 30. Soixante-dix ans plus tard, Iris, quinze ans, découvre l'existence de ce tableau représentant sa grand-mère et tente de reconstituer l'histoire de sa famille. Où se trouve le tableau ? A-t-il été volé pendant la guerre ? Est-il perdu à jamais ? » Au fil des pages, et sur fond historique, l'intrigue fera apparaître de vrais personnages tels le maréchal Hermann Goering, l'historien d'art nazi Bruno Lohse, le directeur des musées nationaux Jacques Jaujard, la conservatrice du Jeu de Paume Rose Valland...

Outre un site web visible via internet sous le titre « portrait-esther.fr » que chacun peut découvrir, le musée des Beaux-Arts d'Angers tient à la disposition de ses visiteurs une tablette numérique dédiée à la libre consultation du projet. En appui de ce dispositif, et dans le cadre des oeuvres spoliées dites « MNR » (Musées nationaux récupération) destinées officiellement à la restitution, les sept tableaux confiés à la galerie angevine sont exposés en bonne et due place.

Musée des Beaux-Arts, 14, rue du Musée, 49000 Angers.