« Un homme est mort », du dessin BD au dessin animé

22/09/2019

Sorti en 2006 aux éditions Futuropolis, « Un homme est mort », la bande dessinée de Kriss et Etienne Davodeau s'échappe de son support papier et connaît un étonnant prolongement avec le film d'animation au titre éponyme. Réalisé par Olivier Cossu, ce moyen métrage devrait connaître prochainement une diffusion nationale sur la chaîne Arte.

Piquets de grève et manifestations s'enchaînent dans une ville en état de siège (source téléchargement : Les Armateurs).
Piquets de grève et manifestations s'enchaînent dans une ville en état de siège (source téléchargement : Les Armateurs).

Présenté à Angers au cours d'une projection unique à la bibliothèque de la Roseraie, ce film d'animation de 60 minutes est adapté à partir de l'œuvre de Kriss et Etienne Davodeau, elle-même inspirée d'une histoire vraie. Les deux auteurs y racontaient le parcours du cinéaste militant René Vautier, appelé par la CGT pour réaliser un film sur les grèves qui touchèrent la ville Brest en 1950. C'est cette chronique sociale qui est transposée sur l'écran de ce film d'animation.

Le contexte. Au lendemain de la guerre, Brest n'est plus que ruines et décombres. L'urgence est alors d'héberger la population. Plus de 10.000 immeubles et maisons ont été détruits ou endommagés par les bombardements alliés afin de chasser l'occupant. Tout est à reconstruire et la ville est un immense chantier. Les conditions de travail sont pénibles, incitant les ouvriers à réclamer de meilleurs salaires. Mais les patrons refusent de céder et la situation s'envenime. La grève générale est déclarée.

Le documentaire initial " Un homme est mort " de René Vautier finira par être détruit à l’issue d’une énième projection (photo du film d'animation.
Le documentaire initial " Un homme est mort " de René Vautier finira par être détruit à l’issue d’une énième projection (photo du film d'animation.

L'histoire. Au lendemain de la mort de l'ouvrier syndicaliste Edouard Mazé, tué d'une balle en pleine tête par une bavure policière lors d'une manifestation , le cinéaste engagé René Vautier rentre d'un tournage en Irlande. A l'invitation de la CGT, il vogue à bord d'un bateau de pêche au large de la rade de Brest pour y débarquer clandestinement. Recherché par les autorités pour un précédent documentaire, « Afrique 50 », dénonçant le système colonial, il vient tourner un film témoignage qui sera ensuite projeté sur les piquets de grève et les chantiers.

Tournage désormais achevé, la sortie " grand public " de cette coproduction Les Armateurs et Arte France est destinée à une diffusion télé sur Arte, mais sa date n'est pas encore arrêtée. Après avoir été projeté en avant-première au Festival européen du film court de Brest, passage prioritaire oblige, ce film d'animation pour public adulte était proposé aux Angevins, sur les terres d'Etienne Davodeau, auteur de quelques titres notoirement connus comme Mauvaises gens, Lulu Femme Nue, Rural... entre autres ouvrages.

Des planches géantes, tirées de la bande dessinée, sont exposées à la bibliothèque de la Roseraie (photo Angers etc.)..
Des planches géantes, tirées de la bande dessinée, sont exposées à la bibliothèque de la Roseraie (photo Angers etc.)..

L'exposition s'attache à raconter l'histoire du film à travers la bande dessinée. En outre, on retrouve force documents et détails sur le travail d'investigation réalisé pour l'écriture de la bd, via les deux années d'enquêtes, de dessins, d'écriture, de rencontres, menées par Kriss et Davodeau. En appui de l'expo, de nombreuses photographies en noir et blanc de l'époque témoignent sur les événements (baraques d'habitation provisoires, quartiers en ruines, défilés de manifestants, ville en état de siège, portrait d'Edouard Mazé).

Exposition jusqu'au samedi 14 avril 2018. Bibliothèque de la Roseraie, 1 bis, rue Henri-Bergson, 49000 Angers.