Tapisserie de Bayeux : la bataille d'Hastings en Angleterre

05/09/2022

Brodée sur une toile de lin beige de 70 mètres de long sur 50 centimètres de largeur, la Tapisserie de Bayeux relate la conquête de l'Angleterre en 1066 par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et futur roi d'Angelerre. Connue dans le monde entier, elle représente l'atout majeur de cette ville de Normandie au même titre que la cathédrale Notre-Dame, qui l'abrita dans sa nef durant plusieurs siècles.

Illustration de l'œuvre exposée dans la galerie, où toute photographie est interdite aux visiteurs (Muséum de Bayeux).
Illustration de l'œuvre exposée dans la galerie, où toute photographie est interdite aux visiteurs (Muséum de Bayeux).

Comme un dessin au long cours qui n'en finirait pas de s'étirer, cette œuvre de l'époque médiévale se déroule sur une longueur que le visiteur découvre pas à pas au gré d'une galerie circulaire. Une présentation similaire à celle de l'incomparable tapisserie de l'Apocalypse, visible à Angers. Exposée sous une lumière filtrée, à hauteur d'homme, la tapisserie de Bayeux, classée au registre Mémoire du Monde de l'Unesco, relate en 58 scènes la bataille d'Hastings, cette ville du Sussex, qui fut le théâtre de la bataille d'Angleterre de 1066. Confectionnée vers 1070 à la demande d'Odon, l'évêque de Bayeux, elle célèbre la victoire de Guillaume le conquérant au dépens de son rival anglais Harold.

Plus qu'un étonnant récit imagé de cet événement, cette broderie de laine est une œuvre qui met en valeur Guillaume et son demi-frère Odon, évêque de la cathédrale Notre-Dame de Bayeux. Afin de consolider son pouvoir, Guillaume ne peut laisser Harold, comte de Wessex, s'emparer du Royaume. Il fait embarquer armée et chevaux sur des centaines de navires et entame une traversée épique de la Manche. Cette tapisserie comporte 58 scènes dont 25 scènes se déroulent en France et 33 en Angleterre. Les 20 mètres consacrés aux combats d'Hastings donnent une représentation des armes et habits de guerre utilisés au XIe siècle : casques, lances, épées, arcs, boucliers.

Représentation de cavaliers sous le commandement de Guillaume le Conquérant durant le XIe siècle (Muséum de Bayeux).
Représentation de cavaliers sous le commandement de Guillaume le Conquérant durant le XIe siècle (Muséum de Bayeux).

La visite de la salle d'interprétation du musée révèle les secrets de fabrication de l'œuvre. Ainsi, les scènes ont été brodées sur une toile de lin. Initialement grise, la teinte de la toile vire d'abord à l'écru, puis au blanc cassé lorsqu'elle est blanchie, c'est à dire exposée un certain temps à la lumière du jour. Au XIe siècle, la laine de broderie est colorée à la toison puis filée à la main. Les fils sont de grosseur variable selon les points et les plantes utilisées pour les couleurs sont le pastel, la garance et la gaude, trois colorants végétaux pour dix couleurs. Les trempages successifs de la laine, entrecoupés de séchage à l'air libre, vont permettre d'obtenir la densité de teinte souhaitée.

Créée il y a près de mille ans, quelques mystères subsistent sur la provenance de cette broderie. Définitivement liée à la ville dont elle porte le nom, plusieurs historiens affirment que sa confection aurait eu lieu en Angleterre, vraisemblablement à l'abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry vers 1070, ou même à Winchester ou Wilton. D'autres chercheurs défendent la thèse normande avec la ville de Bayeux comme ville de fabrication, alors même qu'un historien américain, Georges Beech, aurait évoqué l'abbaye française de Saint-Florent de Saumur comme lieu de provenance.