Sur la Loire, l’âge d’or des bateaux à vapeur

31/08/2021

Sur la vieille carte postale sépia, le bateau à vapeur vient de déposer un groupe de passagers sur le débarcadère du village de La Pointe, sur les rives de la Loire. En ce temps-là, durant une bonne période du XIXe siècle, le navire Ville d'Angers fait la liaison fluviale à partir d'Angers jusqu'à l'île de Béhuard, avec une escale à La Pointe et à Bouchemaine.

Photo archives départementales du Maine-et-Loire).
Photo archives départementales du Maine-et-Loire).

Pendant la décennie 1830, l'apparition des bateaux à vapeur sur la Loire, autrement appelés steamers, et la création de liaisons régulières entre Nantes et Angers constituent une avancée majeure dans les déplacements au sein des villes ligériennes. Plus ponctuel que la batellerie traditionnelle de Loire, car moins soumise aux caprices de la météo, le " vapeur ", avec sa propulsion à haute, puis basse pression, connaît un succès immédiat dès sa mise en circulation. On recense ainsi sur la Loire et certains de ses affluents une quinzaine de bateaux répartis entre différentes compagnies.

En Anjou, ces navires assurent le transport des voyageurs et du fret de Nantes à Orléans. Il faut quatre jours pour remonter le fleuve, deux pour redescendre. Une liaison hippomobile fait l'union entre Les Ponts-de-Cé et Angers. Avant cela, et avant d'être concurrencés par les bateaux à vapeur, puis par le chemin de fer, nombre de chalands, toues et gabares fréquentent déjà ces rives avec ses multiples cales d'accostage. Vers 1820, le trafic s'élève à 245 000 tonnes l'an. Des bateaux à lavoir sont installés à proximité de la cale ponts-de-céaise jusque dans les années 1940.

Source exposition Archives 49 " En bord de ville, au bord de l'eau ".
Source exposition Archives 49 " En bord de ville, au bord de l'eau ".

Au village de La Pointe, la rive ne cesse d'être réaménagée pour faire face à l'augmentation du commerce fluvial et améliorer l'accueil des bateaux. Des panneaux en témoignent et racontent la vie des berges et son évolution à travers le temps. Auparavant, les cales n'étaient que de simples grèves naturelles inclinées vers l'eau. qui disparaîtront peu à peu, remplacées par les cales en tablier, plateformes pavées et appuyées sur un revêtement en pierres sèches. Il fallait répondre aux besoins grandissants du stockage de marchandises sur les berges de la Loire.

Disposant d'un accès à l'eau avec les quais Gambetta et Victor-Hugo (précédemment Notre-Dame et Saint-Maurille), la commune de Chalonnes-sur-Loire accueille des marchandises comme le charbon, la chaux ou le vin, à destination de Nantes. Face à la densité du trafic, un emploi de canotier, surveillant de navigation, fut même créé, rapporte une association patrimoniale locale, les Chalandoux. À ce poste, un retraité, ancien capitaine de la marine impériale, avait pour tâche de surveiller l'approche des vapeurs, leur durée limitée d'accostage, les accès au ponton, l'embarquement et le débarquement des marchandises.

L'histoire du bateau à vapeur commence véritablement en 1803 quand l'Américain Robert Fulton présente devant Napoléon Bonaparte son prototype de bateau. Cet essai effectué sur la Seine précédera l'ouverture de la toute première ligne régulière sur l'Hudson entre New-York et Albany... En France, La Garonne, construite à Bordeaux en 1818, serait le premier bateau à vapeur français ayant obtenu des résultats indiscutables, les essais étant plus probants en eau douce qu'en haute mer. La navigation sur la Loire ne tardera guère à suivre avec Le Triton, lancé sur le chantier de l'Ile Gloriette à Nantes le 6 juin 1822.

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

Les années 1828 et 1829 furent très impor­tantes et accueillirent l'arrivée de nouveaux vapeurs dont le nom était emprunté aux ports qu'ils desservaient : Ville d'Angers, Ville de Saumur, Ville de Tours, Ville d'Orléans. Des compagnies se créent, fusionnent, disparaissent. Vers 1840, deux grandes compagnies générales de bateaux à vapeur se font concurrence : la Compagnie des Inexplosibles (référence à ces navires moins dangereux que leurs prédécesseurs) et la Compagnie des Paquebots de Loire. Chacune cherche à être la plus rapide et à attirer les voyageurs, notamment en assurant la correspondance avec la voie ferrée Paris-Orléans (voir photo ci-dessus).

Mais très vite les progrès du chemin de fer, avec le développement de son réseau et de ses temps d'acheminement, réduisent considérablement le rôle de la navigation fluviale. Après l'essor d'un mode de transport maritime, qui connut son apogée vers les années 1850 grâce aux vapeurs, vint le déclin d'une activité trop fortement concurrencée par le rail.