Mazette, il y a un blob dans le jardin !

28/09/2021

Étalée sur la pelouse, la tache jaune est apparue un matin à proximité d'une vieille souche de cerisier à fleurs, au pied d'une haie bocagère. À sa vue, ce couple s'est demandé s'il ne voyait pas là un champignon d'aspect gluant, une vomissure de bestiole quelconque, une étrangeté repoussante. Son aspect spongieux évoquait vaguement une omelette veineuse, baveuse, sinon vénéneuse.

Dans l'herbe verte, la coulée se distingue particulièrement avec sa substance d'un jaune bien profond.
Dans l'herbe verte, la coulée se distingue particulièrement avec sa substance d'un jaune bien profond.

Tandis que l'un faisait part de sa découverte à son entourage en l'interrogeant sur l'étrange chose, l'autre prenait bien soin de la contourner en passant la tondeuse dans la pelouse environnante. N'ayant pas très envie de mélanger cette mystérieuse bouillie à sa tonte, il lui importait de ne pas l'aspirer et créer un improbable mélange avec l'herbe coupée. D'ailleurs, un timide bout de pied posé sur la matière mousseuse révélait une substance fuyante, collante, déroutante.

Sans réponse sur un mystère oublié depuis un moment, l'épisode semblait définitivement enterré jusqu'à cette émission diffusée quelques semaines plus tard à la télévision. Pour la toute première fois, le duo apprenait l'existence de cette créature bizarre appelée blob, semblable à un champignon informe, et à leur découverte. C'était à l'occasion de la distinction obtenue par une scientifique, Audrey Dussutour, pour ses recherches sur le Physarum polycephalum, une espèce jusqu'alors considérée comme inclassable tant par les botanistes que les mycologues.

Ni animal, ni végétal, cet être unicellulaire, autrement appelé vomi de chien par les Canadiens, présente la particularité de se déplacer, de se nourrir, de respirer. Vivant essentiellement dans les bois et les espaces humides où on peut le découvrir, il aurait la faculté de se reproduire à l'infini et serait quasiment immortel. Car même desséchées et dispersées par le vent, ses cellules peuvent ressusciter pour peu qu'elles trouvent de quoi se régénérer : bactéries, champignons, eau, etc. Autre constat des chercheurs, il serait âgé de 500 millions d'années, une époque bien antérieure à celle des homo sapiens et même des dinosaures. Sidérant !

(Crédit photo Amazon.com).
(Crédit photo Amazon.com).

Celui que tout le monde appelle communément blob n'en finit donc pas de livrer d'insensés secrets aux chercheurs et aux observateurs. Au point que plusieurs exemplaires ont été embarqués dans l'espace par l'astronaute Thomas Pesquet, qui sera chargé de les étudier en lien avec des collèges et des lycées français... Mystérieux, inclassable, ce myxomycète du règne des Amibozaires pourrait facilement nourrir l'imaginaire en ramenant à ce vieux film d'horreur des années 80, The Blob, dans lequel une masse informe et gélatineuse engloutit les humains.

Aux Antipodes de ces considérations, les deux Angevins en sont toujours au stade des interrogations à propos de cette fugace apparition. Pour autant, et en dépit de caractéristiques semblables à celles décrites, cette masse découverte dans le jardin angevin n'a sans doute pour elle que sa troublante ressemblance avec ce fameux blob de tous les fantasmes...