Les Planches de Deauville ont fêté leur 100 ans

15/09/2024

Alors que le Festival du cinéma américain de Deauville vient tout juste de s'achever, une petite balade sur les fameuses planches de la Côte fleurie s'impose. Rendez-vous mythique des stars du grand écran et destination incontournable des stations balnéaires à la mode, les Planches de Deauville sont inscrites en qualité de monuments historiques au même titre que les bains pompéiens et les cabines au style Art déco qui les bordent.

Les planches de Deauville, destination phare de la ville préférée des stars du cinéma américain.
Les planches de Deauville, destination phare de la ville préférée des stars du cinéma américain.

C'est en matinée, avant que la foule des touristes envahisse les lieux, qu'il faut faire sa petite balade sur les légendaires planches si l'on souhaite s'imprégner de leur prestigieux passé. Au-delà d'une première impression qui pourrait ressembler à une sympathique flânerie de bord de mer longeant un alignement de cabines de plage, l'histoire du lieu mérite cependant d'être rappelée. Parallèle au littoral et aux villas du siècle dernier, à deux pas du Casino Barrière et de l'hôtel Le Normandy, la promenade de bois, jadis dénommée le chemin de planches, s'apprécie notamment en contemplant le panorama sur les parasols multicolores, le poste des sauveteurs façon Miami Beach, le gris-azur du ciel et de la mer. Tel se révèle l'horizon côté Manche, tandis que sur l'autre face, d'autres cabines ont été édifiées sur le mode des Années folles avec un univers d'atriums, de fontaines, de mosaïques et de colonnades.

C'est en 1922 que le maire Eugène Colas et le conseil municipal attribuent à l'architecte Charles Adda la construction de nouveaux établissements de Bains de Mer à la place des anciennes cabines en bois et d'un chemin de planches, projet qui sera inauguré le 6 juillet 1924. Le 21 juillet 1927, Mistinguett, première reine autoproclamée des Planches, diffuse son nouveau disque au Bar du Soleil. En 1931, la foule se presse sur les planches et croise Joséphine Baker avec un guépard tenu en laisse. Après-guerre, au mois d'août 1949, Willy Rizzo, jeune photographe de 28 ans, réalise le premier grand reportage en couleur de Deauville retrouvant son animation d'avant-guerre. Plus tard, en 1951, le rayonnement de la station « plage mondaine et élégante de Normandie » ne fait que se confirmer et suscite l'intérêt des touristes américains au point que le magazine de voyages Holiday envoie le journaliste Robert Capa pour un reportage sur la ville.

En référence au festival du cinéma américain créé en 1975, c'est sur une sorte d'Hollywood Boulevard en bois que sont conviés les promeneurs afin de découvrir la longue liste de stars américaines ayant fréquenté la chic station normande. Pavoisée temporairement de drapeaux américains tout au long de son cheminement, le regard ne peut s'empêcher de scruter les lices de béton qui séparent chaque cabines de ciment ainsi que les noms des célébrités qui s'affichent dessus. De fait, les dénombrer constitue un petit challenge puisqu'on affirme qu'il y aurait plusieurs centaines de patronymes inscrits en lettres vert foncé comme James Dean, Anna Thomson, Marlon Brando, John Borman, Al Pacino, Michael Caine, Liz Taylor, Morgan Freeman, Tony Curtis, Rita Hayworth, Michael Douglas, James Coburn, Cate Blanchett, Robin Wright Pen, John Travolta, et bien d'autres.

Mais pour le grand public et notamment les cinéphiles français, la légende de la ville s'est définitivement affirmée en 1966 à l'occasion de la sortie du long métrage de Claude Lelouch « Un homme et une femme ». Il aura fallu que le réalisateur tourne une scène culte au cours de laquelle l'acteur Jean-Louis Trintignant, au volant de sa fameuse Ford Mustang, retrouve l'actrice Anouk Aimée sur les planches pour que la légende s'écrive. Restée dans toutes les mémoires, la belle histoire d'amour, accompagnée par la musique de Francis Lai, cumulera Palme d'Or, Oscar, Golden Globe et autres récompenses… Présent chaque année depuis sa création en 1975, le Festival du cinéma américain, qui a fêté ses 50 ans, ne cessera d'alimenter la folle passion qui unit durablement la Ville et le 7e art.

La promenade en chiffres : 450 cabines de bains réparties sur deux côtés, 762 mètres de long depuis 2022, 444 mètres en 1924, 8,50 mètres de large, 12 000 planches au total, 25 ans de vie pour une planche.