Les mots et les images pour relater les souvenirs

17/03/2021

A 31 ans, Benjamin Rullier vient tout juste de publier son premier ouvrage, mêlant harmonieusement textes vivants et photographies personnelles. Ce dernier intitulé "Les Portions Bitumées", raconte avec tendresse et nostalgie les années qui passent, l'enfance révolue, dont Benjamin nous partage les souvenirs relatés sur une centaine de pages dans un livre au format petit, pratique et carré. À l'occasion de cette publication aux Éditions du Petit Pavé de Brissac-Quincé, et afin d'en savoir plus sur l'ouvrage ainsi que son auteur, nous avons rencontré Benjamin et partageons ici le récit d'un entretien dynamique et captivant.

Les Portions Bitumées, ce sont de chaleureux souvenirs, relatés au travers des yeux d'un jeune homme originaire du sud du Maine-et-Loire (Charcé-Saint-Ellier), et plus précisément ce qu'il retient d'une partie de son enfance passée dans la maison de ses grands-parents. Benjamin Rullier, son auteur, y entreprend en 2013 une série de photographies, sans but précis, et simplement parce qu'il en affectionne le lieu et ses habitants. Cherchant à développer sa création auprès de ce et ceux qu'il connait, l'attention du photographe s'attarde sur les bibelots divers, la décoration atypique, les courses de cyclistes au bas de la maison, les repas familiaux : tout ceci dans le but de garder des traces imagées de ces souvenirs marquants qui résonnent, avec une certaine légèreté nostalgique.

L'accumulation de ces photographies personnelles se poursuit entre les années 2013 et 2018, et c'est alors qu'une évidence apparait : de la fin de l'enfance découle la disparition définitive d'une époque enjouée, et afin d'y remédier, Benjamin souhaite en garder autant de traces que possible. Aux photos s'ajoutent alors de petits textes, succincts et poétiques, que l'auteur juge nécessaires afin de rendre tangibles et palpables les sentiments associés à son enfance. Petit à petit, le recueil jonglant entre l'écrit et l'image prend sens, et Benjamin réalise que le carnet qu'il a façonné pourrait résonner chez un public plus large. Le projet dépasse alors les frontières familiales, et se construit dans le but de partager des récits de vie dans le sud du Maine-et-Loire, avec des moyens modestes et un mode de vie simple. Ce qui n'avait donc pas vocation à se développer officiellement devient un réel projet aux yeux de Benjamin, qui y voit l'opportunité de rassembler sous forme papier ses deux passions : le texte et la photographie. Grâce à une structuration de l'ouvrage fluide et poétique, Benjamin parvient à conserver, ainsi qu'à transmettre une empreinte d'une époque qui lui est chère, et qui arrive à sa fin.

Les endroits familiers rythment le travail de Benjamin, et il souhaite rendre le précis, l'anecdotique accessible au plus grand nombre.

Dans l'art de la photographie, Benjamin fonctionne instinctivement : il se tourne majoritairement vers des sujets, des thématiques qu'il connait et affectionne. À sa quête perpétuelle de sens dans ce qu'il produit, il ajoute être à la recherche d'une beauté singulière, d'un signe d'espoir au long de ses travaux, qui en font sa signature et lui donnent l'opportunité de s'exprimer sur les sujets qui l'entourent et l'animent. Si quelque chose ne lui évoque rien, alors à quoi bon ? Benjamin avoue être guidé par son envie de prendre le temps, de discuter avec les gens qu'il immortalise, de faire sens : l'authenticité, l'honnêteté, tels sont ses mots d'ordre. On ressort de son travail un côté très poétique, avec le récit de choses intimes et personnelles, mêlé à des enjeux sociaux et sociétales : parler des gens discrets, des sujets délicats, du monde ouvrier, de la vie rurale. Les endroits familiers rythment le travail de Benjamin, et il souhaite rendre le précis, l'anecdotique accessible au plus grand nombre. On retrouve d'ailleurs dans une histoire comme la sienne, à tendance personnelle et familiale, des sentiments et repères qui nous rappellent à tous des souvenirs et époques arrêtés dans le temps.

Persévérant, c'est aux éditions du Petit Pavé que le photographe et rédacteur réussit finalement à publier son ouvrage, tout récemment sorti à la fin du mois de janvier 2021. Benjamin et la maison d'édition offrent donc à nos yeux un format petit, sobre et épuré, nous incitant à prendre le temps d'observer précisément les photographies et de savourer le texte. Il le dit lui-même : si les photos sont centrées sur la maison de ses grands-parents, le texte permet de façon complémentaire d'approfondir les alentours, et de raconter l'histoire de la commune, ou encore les chemins empruntés par ses habitants. A l'heure actuelle, Benjamin se questionne encore sur la suite de cet ouvrage : fort de nombreux projets à l'état embryonnaire, il se tourne doucement vers d'autres sujets de sociétés, toujours dans le champ de ce qu'il connait. Cherchant à comprendre les modes de vie, les modes de pensées, les entourages proches de divers sujets, il souhaite continuer à en tirer les portraits, frôlant parfois la nostalgie. Imaginatif et passionné, le jeune homme promet une belle continuation, sous le signe de la créativité et du partage. De quoi donner envie de s'attacher à ses souvenirs et d'en garder une trace écrite à notre tour !

Plus d'informations sur Benjamin Rullier et son ouvrage.

Nina Malleret