Les Machines de l'île, ménagerie mécanique
Sur l'île de Nantes, en bord de Loire, là où se situaient naguère les chantiers navals de la ville, il existe un lieu qui se revendique de Jules Verne et de Léonard de Vinci. Dans ce quartier radicalement métamorphosé, les animaux qui s'y trouvent sont si singuliers qu'on vient de France et de l'étranger pour les voir : on les appelle les Machines de l'île.
Sur cet ancien site portuaire devenu un parc d'attractions sans équivalent, des visiteurs avides de découvrir ces animaux de fer et de bois inventés de toutes pièces se pressent sans hâte dans la Galerie des Machines. Cette construction s'intègre dans les anciennes nefs des chantiers navals de Nantes, cette immense halle de métal et de verre, également dotée d'un hangar, d'une fabrique, d'une boutique et d'un atelier, traversée dans sa longueur par une rue couverte, elle-même surmontée d'une coursive latérale. Bienvenue dans cette structure abritée de quelque 10.000 m2, qui n'est pas s'en rappeler le style d'un certain Gustave Eiffel, avec sa verrière et ses piliers de métal.
Sous cette architecture qui semble vous ramener à l'époque de la grande Exposition universelle de 1900, le dépaysement est garanti. Le voyage peut commencer, la rencontre avec les extraordinaires créatures mécaniques va avoir lieu et sera indélébile. En suivant le cheminement préconisé, Il y a d'abord la Nuée des Papillons, une animation qui se meut à la force du pédalage dans un enchantement de roseaux, de papyrus et de lentilles d'eau. Puis, premier choc avec cette stupéfiante araignée articulée, s'élevant à la verticale sur ses fils, dépliant ses pattes, crachant de l'eau, arrosant tous azimuts. Sur son dos, des machinistes s'amusent à subir les velléités de la tarentule.
Un gros caméléon jaune et bleu, aux yeux mobiles et globuleux, qui happe une mouche sur une attaque aussi soudaine que fulgurante ; un paresseux de bois agrippé sur une branche horizontale, qui coulisse comme une anguille ; un héron de 8 mètres d'envergure qui prend son envol en déployant ses magnifiques ailes de bois, non sans embarquer des passagers ; un aéroplane dans son simulateur de vol avec une machiniste malmenée par la tempête, les tourbillons, les nuages, les trous d'air ; une fourmi géante qui trace sa route sur le plancher des vaches et fend la foule sans crier gare... À la ménagerie mécanique, les temps forts s'enchaînent...
Les organisateurs présentent cette galerie comme un laboratoire où sont testées les créations nées dans l'atelier de la compagnie La Machine. Car ici, s'éveille tout un cheptel qui se donne en spectacle et n'a de but que d'émerveiller petits et grands. C'est un festival de surprises qui est donné par des animaux fantastiques et déroutants, qu'on imagine venus d'une autre dimension. Concession accordée aux hommes et aux femmes, ces machines mutantes ont quand même été initiées par des sapiens de chair et d'os, qui, à force d'imagination et de savoir-faire, n'ont eu de cesse d'en inventer de nouvelles. C'est si vrai que d'autres créatures sont apparues à Toulouse, à La Roche-sur-Yon, à Calais, à Paris...
Retour à Nantes avec ce pachyderme que le monde entier semble connaître depuis 2007. Colossal comme une maison de quatre étages, impressionnant par sa masse de fer, de bois et de cuir, se déplaçant dans une lenteur étudiée, barissant à la demande, projetant un jet d'eau de sa trompe, arrosant l'assistance, le Grand Éléphant s'impose comme une création phare. Quand il sort de la nef pour se présenter sur le parvis, c'est le coup de grâce pour le quidam de l'asphalte qui se sent tout à coup très petit. Sur son dos, des passagers peuvent découvrir toute la zone portuaire alentour et toiser les mensurations de l'animal : 21 mètres de long, 12 mètres de haut, 48 tonnes sur la balance.
Aux Machines de l'île, ce monde fantastique sorti de l'imagination de deux créateurs, François Delarozière et Pierre Orefice, on s'émerveille devant le Carrousel des Mondes Marins, une sculpture en forme de théâtre circulaire de 25 mètres de haut, dans laquelle évolue tout un monde marin. Cette attraction a valu à ses auteurs une reconnaissance mondiale, le Thea Award 2004... Mais pour ceux-ci, c'est déjà demain avec ce projet de l'Arbre aux Hérons qui va s'installer sur le site du Sillon de Bretagne. Cette attraction culminera à 35 mètres pour 50 mètres de diamètre, accueillera tout un bestiaire sur ses branches, recevra 400 visiteurs simultanément. Sur sa cîme, un gigantesque héron embarquera sous ses ailes et son dos 20 personnes pour un vol circulaire et vertigineux.
Les Machines de l'île. Parc des Chantiers, boulevard Léon-Bureau, 44200 Nantes.