Les Kalouguines, des immeubles aux formes insolites

21/01/2024

Ce sont des constructions à l'architecture singulière qui restent uniques dans la région et même dans le pays. Avec leurs contours en forme d'habitat troglodytique, les Kalouguines constituent une curiosité si rare et si méconnue qu'il est des Angevins qui en ignorent même l'existence.

La cité Kalouguine est composée d'immeubles à l'architecture assez inédite.
La cité Kalouguine est composée d'immeubles à l'architecture assez inédite.

Érigé dans le quartier Monplaisir au nord-est de la ville d'Angers, il existe un ensemble immobilier de neuf immeubles qui se distingue par son superbe environnement et son architecture extraordinaire. Séparé du quartier aux 12 000 habitants par une ligne ferroviaire et relié par une passerelle, il se situe un peu en marge de celui-ci, mais jouit en contrepartie d'une superficie de terrain boisé de 3 hectares. Cet ensemble d'immeubles avant-gardiste, qu'on pourrait presque qualifier d'utopique tant ses lignes font penser aux troglodytes ou aux habitats préhistoriques encore visibles dans le Saumurois ou en Dordogne, demeure une curiosité architecturale.

Construit dans le début des années 70 par l'architecte français Wladimir Kalouguine, les immeubles de cet ensemble de 220 logements n'ont absolument rien de commun avec ceux qui composent le quartier avec ses constructions de béton caractéristiques des cités populaires. En outre, ils disposent d'une telle surface de gazon et de végétation qu'on peut presque s'étonner que les décideurs de l'époque n'aient pas songé à tirer profit de sa vaste étendue. C'est tant mieux pour les résidents qui s'y succèdent depuis près de cinquante ans. Plus surprenant encore, ces logements ont toujours eu une vocation populaire puisqu'il s'agit d'habitations à loyer modéré (HLM), alors que nombre de promoteurs auraient volontiers construit un ensemble de standing.

Dans le quartier Monpliasir, les Kalouguines se distinguent des autres constructions par leur originalité.
Dans le quartier Monpliasir, les Kalouguines se distinguent des autres constructions par leur originalité.

Dans ce poumon vert librement accessible aux familles et aux locataires, l'architecte a édifié des immeubles aux formes sculpturales, tantôt arrondies, tantôt alvéolées, en parvenant à rompre toute idée de monotonie. Son projet consistait à faire grimper la végétation sur les façades et à les noyer dans la verdure. L'audace n'a pas toujours été récompensée car la nature n'a pas voulu cohabiter avec le crépi des murs. Pour autant, compte tenu du cadre et de l'originalité du site, il fait sûrement meilleur vivre ici, à l'écart des tours bétonnées et des parkings voisins. Et en dépit du temps qui passe, la cité Kalouguine demeure un cas d'école pour les amateurs de patrimoine et conserve une magie à nulle autre équivalente.

Mais l'originalité des Kalouguines ne s'arrête pas à l'architecture extérieure car elle se poursuit jusqu'aux appartements. Tous sont différents par leur surface, par leurs formes, par leur agencement. À l'intérieur, on trouve toutes sortes de conceptions, entre murs rectilignes, murs arrondis, poteaux de soutien, petits balcons ou grandes terrasses : aucune pièce ne ressemble à une autre, les unes sont immenses, les autres sont atypiques, parfois bizarres. De fait, aucun logement n'est semblable à l'autre, tous diffèrent et se sont adaptés à la structure extérieure. Le dépaysement est garanti et c'est au locataire de s'ajuster en y logeant ses meubles. Certains d'entre eux sont allés jusqu'à s'inscrire sur liste d'attente pour échanger un logement contre un autre de même type, mais rarement de même conception. Il s'agissait juste de rester dans la même résidence ou de changer d'étage.

Le projet Kalouguine fut récompensé en 1971 à l'occasion du concours P.A.N. (programme d'architecture nouvelle) organisé par le ministère de l'Équipement et du logement, repris depuis par celui de l'Aménagement du territoire.