La vieille dame n'achète plus de livres

03/11/2020

Face à la fronde qui oppose les libraires au Gouvernement, ce dernier a interdit aux grandes surfaces commerciales et aux supermarchés de vendre des livres afin de calmer les esprits et rétablir ainsi un semblant d'équité. Désormais, dans tout le pays, on se trouve dans l'impossibilité physique de feuilleter ou d'acheter le moindre ouvrage.

Pendant ce temps-là, et quelles que soient les raisons des uns et des autres ayant provoqué cet état de fait, la voisine de palier ne peut plus acheter son livre de poche habituel. Cette honorable grand-mère qui se faisait un devoir d'accomplir sa petite sortie hedomadaire au rayon culturel de son supermarché de proximité se trouva fort désappointée quant la décision fut prononcée.

Pas de smartphone, de tablette ou d'ordinateur à la maison. Aucune connaissance des achats et de la vente en ligne pour elle. Pas de "click and collect" non plus, comme on dit aujourd'hui. La paisible octogénaire, qui a délibérément choisi en son temps de ne pas suivre l'emballement informatique, découvre à son grand dam la fameuse fracture numérique. Laquelle n'empêchait toutefois personne de s'épanouir en relative égalité et liberté. Jusqu'à ce jour...

Simultanément, faisant fi du confinement et de l'épidémie qui mettent en péril économique les entreprises, petites et grandes confondues, Amazon et consorts étendent irrémédiablement leur hégémonie commerciale. Il en est ainsi sur les livres, mais aussi sur les jouets, les fleurs, les vêtements, les appareils ménagers, les produits manufacturés...