La librairie Richer affiche son soutien à la culture
Comme pour mieux dénoncer le black-out imposé à la culture, une tenture de théâtre a été installée dans la vitrine de la librairie Richer, puis ostensiblement refermée. Sur celle-ci, une affiche « No culture no future », du mouvement des travailleurs et travailleuses du secteur, se trouve placardée en son centre. Érigé en façade, ce décor se veut délibérément explicite et affirme le soutien du magasin au monde culturel.
Plus de cinéma, de théâtre, de danse, de spectacles, de festivals, de galeries d'art, de patrimoine... la culture s'est tue, mise sous chape par les autorités nationales. Occasionnée par la crise sanitaire et née d'une situation sans perspectives, une lettre ouverte intitulée « No culture no future » des acteurs de la profession a commencé à circuler un peu partout en France, entraînant ça et là des occupations de théâtres et de sites. En bref, la culture se rebiffe !
« Laissez parler les petits papiers », clame cette chanson enregistrée en 1965. Alors, dans la vitrine de la librairie Richer, le soutien aux lieux culturels angevins se scande par petits bouts de papier semés comme autant de petites graines au pied du rideau rouge. Du théâtre du Quai à la Collégiale Saint-Martin, du Centre Jacques-Tati au Musée des Beaux-arts, des Trois-Mats au Chabada, les initiateurs ont répertorié les sites culturels de la ville pour mieux les honorer. Par crainte de faillir à leur souci d'exhaustivité, ils ont anticipé d'éventuelles omissions par cette excuse sur cette autre coupure : « #Tous les autres que nous avons oubliés... »
Au pays de Gutenberg et de l'imprimerie, dans cette librairie dorénavant "essentielle" où le métier consiste à promouvoir l'édition de livres, on a exhumé des rayonnages quelques ouvrages consacrés à l'art et la culture, dont certains écrits par des auteurs locaux. Parmi la sélection, on peut noter une biographie sur les Thugs, ce groupe rock angevin des années 80 et 90, mais également « Look back in Angers », une anthologie sur la scène musicale angevine. Au générique de la vitrine, le fer est porté par un portrait et une citation d'Albert Camus : « Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude ».
À l'évidence, la protestation - relayée par la librairie de la rue Chaperonnière - vient rappeler cet implacable constat : la culture est bâillonnée ! En cette année depuis trop longtemps entre parenthèses, et même si chacun a pris conscience de ce vide sidéral, il est parfois bon de s'en souvenir...