La course solidaire de Céline au Sénégal
Savane, brousse, lagunes, mangroves, transfert en pirogues, panoramas authentiques... mais surtout choc des cultures : le dépaysement promet d'être radical pour l'Angevine Céline Jamet qui participera à la prochaine édition de la Sénégazelle 2019. Combinant sport et solidarité, l'épreuve se déroulera au Sénégal - comme son libellé l'indique - dans la région du delta du Sine Saloum, au sud du pays, près de la frontière gambienne.
À la fois course à pied et action caritative, la Sénégazelle a pour objet final la distribution de matériel scolaire à de jeunes élèves sénégalais. Cette épreuve organisée par l'association Bretagne Outdoor concernera exclusivement des femmes qui devront parcourir chaque jour une course de dix kilomètres durant une semaine avec une arrivée quotidienne dans des écoles. Chacune des « gazelles » remettra alors aux élèves des fournitures qu'elle aura préalablement collectées auprès de donateurs.
Depuis que son inscription a été dûment validée, Céline se prépare minutieusement afin d'atteindre une forme physique idéale au moment opportun. Car se remettre en course chaque jour au petit matin, en faisant fi du climat de type tropical et des capacités d'endurance de son organisme, n'est pas à la portée de tout le monde. Alors, l'infirmière puéricultrice, salariée de l'unité de pédiatrie néonatologie de la Clinique de l'Anjou, s'entraîne régulièrement tout en ménageant un genou parfois récalcitrant, et cela en alternance avec le fitness qu'elle pratique assidument dans une salle de sport.
Mais au-delà d'une saga Africa qui trouvera son accomplissement en avril 2019, la jeune femme doit composer simultanément avec d'autres éléments que sa seule condition athlétique. Car une telle aventure, toute rêvée et magnifiée soit elle, exige un financement conséquent, d'abord en puisant sur ses fonds propres mais également en comptant sur la générosité des tiers. Il s'agit alors d'aller au contact des autres dans un démarchage tous azimuts, parfois en forçant sa nature : « Etant quelqu'un de timide, ce n'est pas toujours évident de solliciter des sponsors. Si mettre une cagnotte en ligne est simple car nous sommes derrière un écran, aller face aux gens est compliqué. Il faut donc dépasser sa réserve naturelle », admet elle.
Un projet mené de concert avec Adélie, amie de toujours
Outre les dons et les fonds nécessaires à l'achat des 25 kg de fournitures par participante, chacune doit s'autofinancer pour s'offrir cette parenthèse de vie : le voyage (Paris-Dakar aller et retour), les transferts, le gîte, les ravitaillements, la nourriture, le tout pour un budget avoisinant les 1 700 €. Cette mise conséquente nécessite des trésors d'imagination pour minimiser l'investissement, les unes créant des associations ou organisant des lotos, les autres sollicitant des amis ou des collègues de travail, la majorité menant une quête aux sponsors.
Par ailleurs, Céline a choisi de vivre ce raid humanitaire avec une fidèle copine de lycée, la Parisienne Adélie, au nom de valeurs que les deux amies d'enfance conjuguent et partagent depuis toujours, à savoir le challenge sportif et les rapports humains. Et même si cette course 100 % féminine, comme le précise l'organisation, demeure une épreuve individuelle à l'engagement nominatif, les deux runneuses ont décidé de lier leur destin en dépit de la distance professionnelle qui les sépare : création d'une cagnotte commune sur Leetchi, écriture d'un blog à quatre mains, investissement partagé...
Et le soir venu au bivouac, dans ce parc national classé au patrimoine de l'Unesco, les deux amies se repasseront le film de leur journée, leurs coups de cœur, leurs émotions, mesurant ainsi leur chance d'être unies « pour l'aventure de leur vie » selon Céline. Et si l'une d'elles n'avait pas été retenue lors des inscriptions où les places étaient comptées en raison des demandes, qu'aurait décidé la rescapée, condamnée à s'envoler seule pour l'aventure ? Pour Céline, la question ne s'est jamais posée : « Notre duo est tellement évident et ce projet tellement commun... Mais à la réflexion, et si cela était arrivé, peut-on passer à côté de ce moment probablement unique de sa vie ? »
Pour tous renseignements sur la Sénégazelle, voir le site de l'association.