La conquête de la Sicile par les Angevins

25/02/2021

Comment comprendre que la Sicile puisse posséder un tel patrimoine architectural ? Pour le visiteur, il suffit d'ouvrir le premier ouvrage venu pour découvrir son histoire faite de dominations et d'influences gravées à jamais : grecques, romaines, arabes, françaises. Chacun des occupants y laissera son empreinte, les traces de sa civilisation. On apprend ainsi que les Angevins ont régné sur l'île, alors appelée royaume de Sicile sous la tutelle de Charles d'Anjou.

A Palerme, le Palais des Normands témoigne de la présence française sur la Sicile (Photo Angers Etc.)
A Palerme, le Palais des Normands témoigne de la présence française sur la Sicile (Photo Angers Etc.)

Après la très grande domination normande, fortement visible encore de nos jours à travers notamment le Palais des Normand de Palerme sur la Sicile, et un intermède de la période germaine, viendra la conquête des Angevins qui règneront sur le pays. Avec le soutien de la papauté qui souhaitait rompre l'encerclement des terres d'église et à la demande du pape Clément IV, Charles d'Anjou combat ainsi l'hégémonie de Frédéric II de Hohenstaufen et devient roi de Sicile en 1266, devenant à son tour un souverain sans partage. La dynastie angevine s'exerce dorénavant sur l'Italie du Sud et la Sicile.

Roi conquérant et ambitieux s'il en est, Charles 1er d'Anjou entame une domination qui aura tenu jusqu'en 1282. Avec ses fonctionnaires, il cherchera à exploiter le pays en imposant des taxes élevées, un système fiscal impitoyable, une mainmise extrême, portant la provocation jusqu'à déplacer la capitale du royaume de Sicile vers Naples. Il portait un projet d'expansion qui prévoyait une extension de ses positions vers les Balkans et la Méditerranée orientale à partir de ses terres de Sicile. Programme qu'il commença à mettre en pratique avant d'être brutalement interrompu par les Vêpres siciliennes de 1282

Notoirement reconnue de tous les Italiens et inscrite dans leur histoire, la révolte des Vêpres Siciliennes à Palerme et à Corleone contre la domination féodale du roi angevin, le 31 mars 1282, est inscrite dans les livres scolaires et fait partie de l'histoire de Sicile. Selon certains manuels, il aurait suffi d'une provocation ultime en ce lundi de Pâques, d'une offense faite à une femme palermitaine, pour que la réaction populaire entraine une émeute suivie d'un massacre de grande ampleur au cours duquel de nombreux français furent massacrés. On cite les chiffres de 2 000 morts à Palerme, 10 000 dans toute l'île.

Les Angevins chassés ne conserveront que l'Italie du Sud, Palerme offrant la couronne au roi Pierre III d'Aragon... Si l'histoire retiendra de la période normande une prospérité établie de la Sicile ainsi qu'une présence architecturale encore visible de nos jours avec le Palais des Normands (il Palazzo Reale) de Palerme, elle se souviendra de la période angevine comme de celle de la révolte des Vêpres siciliennes.