L’hôpital d’Angers et la médecine pendant la guerre 14-18
Dans le cadre des Journées du patrimoine 2018, le CHU d'Angers a présenté une exposition sur le thème « Hôpital et innovation médicale pendant la première guerre mondiale ». En s'appuyant sur des pièces de collections personnelles, des documents d'archives et les explications d'une intervenante, ces témoignages racontent le processus d'une évolution majeure dans le secours aux blessés militaires.

Comment peut-on imaginer qu'avant la première
guerre mondiale, soit en 1870 lors du conflit franco-allemand (ou
franco-prussien), aucun infirmier ou médecin n'était disponible sur le front et
que les actes de chirurgie d'urgence étaient prodigués à l'arrière. Principales
lésions pour les blessés, les engelures et surtout les éclats d'obus pouvaient
avoir de graves conséquences, car faute d'organisation, les plaies conduisaient
fréquemment à des amputations. Au mieux, on posait des pansements dans les
postes de secours et on organisait le
transfert hors des tranchées. En outre, les brancardiers étaient choisis soit
parmi les inaptes au combat où, a contrario, parmi les plus courageux.
1902. Mise en service du pavillon St-Roch construit pour accueillir malades et blessés militaires.
Même aux Hospices d'Angers, les infirmiers étaient désignés parmi les nécessiteux et encadrés par les sœurs de la Charité Saint-Vincent-de-Paul. Et déjà, des blessés militaires y étaient accueillis (une fresque murale de J. Lenepveu dans l'ancienne chapelle Sainte-Marie en témoigne). Pendant ce temps, et dans le but de préparer la revanche de la guerre de 1870, de nombreuses décisions furent prises par le Ministère de la guerre, comme celles de construire une quatrième aile à l'Hôtel Dieu afin d'accueillir les blessés, de mettre en service le pavillon Saint-Roch, d'ajouter des places de lits dédiées. De 1906 à 1913, leur nombre passera de 170 lits à 249 lits, un renforcement dû à la présence de garnisons à Angers. Face à une insuffisance criante, des hôpitaux auxiliaires furent créés avec le concours de la Croix Rouge et des Alliés (hôpital démontable place La Rochefoucauld, hôpital auxiliaire de l'Ecole Normale d'Angers).

Parallèlement, une circulaire de l'Assistance publique relative à la création d'écoles régionales d'infirmières dans les hôpitaux et les écoles de médecine est diffusée en 1902, elle encourage la création d'une école à Angers en 1904. Une première promotion limitée à 40 élèves sort en juin de la même année. Enfin, le métier d'infirmiers (hommes) pour les militaires devient une « gratification » réservée aux plus méritants, validée après un stage dans des salles civiles de soins. Et à partir de juillet 1915, ces soignants masculins seront remplacés à titre exceptionnel par des infirmières (femmes) âgées de 45-50 ans minimum. C'est le début de la mixité.
Août 1914 : mobilisation de toute la population pour l'effort de guerre.
Et le début d'une réelle mobilisation de la population : celle notamment des personnels de l'hôpital qui s'engagent à partir au front (médecins, infirmiers, administratifs, ouvriers), des civils qui mettent à la disposition des réfugiés leur domicile, leur voiture, et même leur chauffeur pour un cas rapporté. Quand ce n'est pas un autre qui se propose tout bonnement comme ambulancier. Un compte spécial « secours pour les blessés militaires » est créé pour y affecter des dons en argent. À ce sujet, il convient de rappeler que l'hôpital a longtemps appartenu au patrimoine écclésiastique et qu'il était exclusivement financé par l'église et la charité individuelle.
(Sources : CHU Angers. Chapelle Ste-Marie, 16-09-2018).