L’hiver à la chaleur du théâtre

16/02/2021

Alors que l'univers même de la culture au sens large est en stand-by (depuis ce qui nous semble maintenant être une éternité), le théâtre d'Anjou, lui, veut revivre. C'est ce terme précisément qu'emploie Jean Robert-Charrier, désormais directeur artistique de l'édition 2020-2021 d'un grand festival régional. Marchant dans les pas de Jean-Claude Brialy et Nicolas Briançon, pour ne citer que les deux derniers de ses prédécesseurs, le jeune directeur du théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris, avait prévu, en vain, de poser ses valises en Anjou le temps de la préparation des Hivernales du Festival d'Anjou.

Photo Jérôme Pouille. (Dossier de presse Les Hivernales du Festival d'Anjou).
Photo Jérôme Pouille. (Dossier de presse Les Hivernales du Festival d'Anjou).

A notre grand dam à tous, il faudra encore hélas prendre son mal en patience avant de se frayer un chemin parmi les fauteuils rouges matelassés des grands balcons, ou encore admirer le lustre flambant de ce qu'est désormais une figure de la ville angevine : son Grand Théâtre. Situé Place du Ralliement, ce dernier offre au long de l'année une programmation éclectique, qui slalome entre festival de cinéma, spectacle comique, concert musical, ou encore et bien entendu, pièce de théâtre. Et comme l'on ne peut passer outre cet aspect magistral de l'intérieur du monument, il serait presque impensable de ne pas mentionner la peinture de la coupole, réalisée par l'artiste angevin Lenepveu. Cette dernière, représentant de façon métaphorique et avec grâce les passions, les ardeurs que l'on retrouve sur une scène de théâtre, offre à ses visiteurs une fresque éclatante, qui nous fait tordre le cou aussi bien qu'elle nous fait ouvrir les yeux.

Avec plus de 70 ans de réussite, le Festival a gagné une place particulière dans le cœur des Angevins, qui se languissent de devenir spectateurs.

Mais maintenant que le décor est implanté, revenons-en aux Hivernales. Il nous faudrait alors commencer par discuter ensemble du Festival d'Anjou, et de manière plutôt concise, nous pourrions affirmer que ce dernier fait vivre royalement, depuis les années 1950, le théâtre en Anjou : et ce, grâce à des manifestations généralement déroulées en plein air, au début de la période estivale. Avec plus de 70 ans de réussite, le Festival a gagné une place particulière dans le cœur des Angevins, qui se languissent de devenir spectateurs le temps d'une soirée, d'avoir les larmes qui montent face à une tragédie, de se questionner devant un monologue sociétal, ou encore de rire à gorge déployée face à un seul-en-scène qui ravit.

Si le Festival d'Anjou est devenu avec brio un classique de la région, l'enjeu en 2018 fut d'augmenter la dose de plaisir. Et c'est un pari réussi, puisque les Hivernales sont nées la même année, au grand bonheur des amoureux du Théâtre ! Comme pour ravir sur la longueur de l'année les impatients, la municipalité de la ville instaure, il y a trois ans, une prolongation du Festival d'Anjou, qui permettrait alors aux spectateurs de retrouver la scène, ses auteurs, ses caprices, au sein même du Grand Théâtre d'Angers que nous évoquions plus haut. Ressortent alors de cette idée ce que l'on nomme les Hivernales, qui nous proposent entre 10 et 15 représentations, jouées d'octobre à mai, comme pour faire le lien entre deux éditions, qui elles se déroulent sous les beaux jours et la chaleur de l'été.

(Illustration dossier de presse Les Hivernales du Festival d'Anjou).)
(Illustration dossier de presse Les Hivernales du Festival d'Anjou).)

Pour cette année 2021 et dans l'espoir de réchauffer les cœurs des amoureux de la culture, 9 pièces étaient initialement prévues, avec des têtes d'affiche qui impressionnent et attisent l'envie de divertissement (Luchini, Dedienne, Podalydès, Proust ou encore Kessler...). Voyez un peu ce qu'en dit Jean Robert-Charrier, directeur artistique de cette édition 2020-2021 : "Une programmation qu'il faudrait imaginer comme un seul et unique plat aux saveurs éparses mais équilibrées. Il faut goûter un peu de tout pour s'en faire une bonne idée. Des règlements de comptes familiaux de David Clavel aux Contes des 1001 nuits de Guillaume Vincent en passant par l'Argent de Fabrice Luchini, le baroque de Michel Fau et bien d'autres... Nous allons vite oublier ces quelques derniers mois de vide et revivre, au théâtre."

Devenues un carton au sein d'Angers, les Hivernales attirent depuis ses débuts un public composé de citadins tout autant que d'habitants de l'agglomération, comme le déclarait avec joie Christophe Béchu. Cependant, malgré son succès et impuissante face à la menace sanitaire, l'édition de cette année a malheureusement été stoppée dans sa course par la fermeture de ses lieux de manifestation. Tristement, et avant de plus amples nouvelles et mises à jour pour la suite de la programmation, il ne nous reste plus qu'à attendre la réouverture de ce lieu magique, qu'est le Grand Théâtre d'Angers, afin de retrouver auteurs, acteurs, metteurs en scène et toutes les émotions vivifiantes, ressenties face à sa scène magistrale et devant ses rideaux rouges emblématiques.

Plus d'informations quant à la programmation des Hivernales ici. Pour les infos pratiques et tarifs habituels, c'est ici.

Nina Malleret