L’avenue Patton plongée dans un état de désolation
Mais quel sort ont-ils réservé à cette avenue du Général-Patton que les anciens appelaient jadis la Route de Nantes ? Cette voie, qui s'élance du boulevard du Bon-Pasteur pour s'achever à Belle-Beille, n'en finit pas de ressembler à un chaos à ciel ouvert. Afin de créer la future ligne du tramway, on a choisi de travailler au bulldozer plutôt que dans la dentelle. Un choc !
Quand on quitte un quartier familier pour un autre, c'est en général pour tourner une page afin d'en écrire une nouvelle. C'est le résultat d'un choix délibéré, donc assumé. Mais quand le hasard vous conduit des années plus tard sur ces mêmes lieux, la nostalgie vient vous submerger pour vous escorter le temps de votre retour. Normal ! Mais lorsque vous découvrez le spectacle qui s'y joue avec ces travaux d'extension, la consternation l'emporte.
Sur tout le chantier, on ne remarque que tranchées, déblais, amas de graviers, montagnes de terre. On découvre des chaussées griffées, des pans de bitume arrachés, des câbles jaillis des entrailles, et des trous, encore des trous. On ne croise que barrières de chantiers, blocs de béton, pelleteuses, grues, bulldozers. Des engins de chantier, en veux-tu en voilà, il en surgit de partout.... Bienvenue sur l'itinéraire de la ligne B du tramway ! Ici, un chantier bat son plein et bouleverse le paysage.
Certes, il est facile de s'émouvoir a posteriori : les travaux en question étaient programmés. Mais c'est d'autant plus choquant quand vous (re)découvrez cette avenue qui, à défaut d'être la plus belle de la ville - certains la trouvaient même quelconque - avait le mérite d'être arborée d'une généreuse végétation. De cela, il ne reste rien ! La vision est radicale : on y voit que des maisons mises à nues, déshabillées de leur protection végétale ; des trottoirs privés de leur ombrage, frappés à vif par un déluge de lumière crue ; une chaussée attaquée, martyrisée, méconnaissable. C'est un peu comme si on avait voulu révéler ce site à sa modestie, tout en lui ôtant son âme.
Et si elle tient son nom du Général Patton qui l'emprunta en 1944 lors du débarquement des Américains, cette avenue n'est pas que la « Voie de la Liberté » gravée dans l'histoire, puisqu'elle distribue nombre de lieux significatifs sur toute la longueur de ses 1500 mètres. Bien qu'excentrée en périphérie urbaine, à l'ouest de la ville, elle distribue successivement, entre autres destinations, le parc Saint-Nicolas, le vélodrome Montesquieu, le Lycée Bergson, le quartier de la Barre, le campus de Belle-Beille, l'ancienne usine Bull...
En bref, ce boulevard ne demande qu'à voir le bout du tunnel et à retrouver son identité. Gageons que les urbanistes sauront lui offrir ce second souffle à même de faire oublier les outrages subis. Comme ils ont su le faire ailleurs, tout au long de la première tranche... De fait, tout le monde les attend au tournant !