Il y a 30 ans, la chute du mur de Berlin
Symbole d'un monde séparé en deux blocs incompatibles, autrement nommés l'Est et l'Ouest, le mur de Berlin a été érigé en 1961 dans le but d'interdire aux populations demeurant côté soviétique de migrer du côté occidental. Cette barrière de béton que certains appelaient le mur de la honte fut détruite par des manifestants le 9 novembre 1989.
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, près de 15 000 éléments des forces armées de la RDA, la République démocratique d'Allemagne, bloquent les rues et les voies ferrées qui convergent vers Berlin-Ouest. À la stupéfaction générale, la population assiste incrédule à l'édification d'une enceinte fortifiée par-dessus le rideau de fils barbelés séparant la partie soviétique de la zone occidentale. Dès lors, Berlin-Ouest deviendra une enclave en territoire hostile et sera cernée sur une longueur de 155 kilomètres par un mur avec chemin de ronde, patrouilles de surveillance, miradors et projecteurs.
C'est en 1945, après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la défaite du nazisme, que Berlin se trouva partagée en quatre secteurs répartis entre les vainqueurs du conflit, à savoir les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Union soviétique. Puis, tandis que les Alliés créaient en 1949 la République fédérale d'Allemagne (RFA), les soviétiques, eux, formalisaient la scission du pays en créant la République démocratique d'Allemagne (RDA). La ville deviendra alors la capitale est-allemande et le symbole d'une Guerre froide qui s'étendra sur près de 40 ans.
Certains observateurs de l'époque se souviennent de ces Berlinois de l'Est se réfugiant massivement vers l'Ouest, de ces habitants franchissant le mur au péril de leur vie, de ces échanges de prisonniers et d'espions sur le pont de Checkpoint Charlie, de cette redoutable police du Ministère de la Sécurité d'État dite la Stasi, de ces quelque 14 000 garde-frontières impitoyables, de cette suspicion en contraste avec l'insouciance des voisins, de ces pénuries dans les magasins...
Modeste pays par sa superficie et nation en mal de reconnaissance, la RDA érigera en cause d'état sa visibilité internationale par la réussite sportive, quitte à institutionnaliser le dopage à coups de stéroïdes anabolisants et de victoires parfois équivoques. Les amateurs de sport, eux, voudront néanmoins se rappeler de ces sportifs de niveau mondial, de la patineuse Katarina Wit, de l'athlète Marita Koch, des coureurs Jan Ullrich et Olaf Ludwing, de ces équipes de foot de niveau européen (Dynamo de Berlin, Leipzig, Magdebourg, Dynamo de Dresde), de ce grand Tour de la Paix cycliste, etc.
Face à un monde d'abondance et de liberté, ce modèle opaque et contraint par le joug d'un totalitarisme dépassé, ne résistera pas à l'usure du temps et de l'histoire. Sous l'impulsion du Secrétaire général du Parti communiste Mickaïl Gorbatchev, promoteur de la « Glasnost », l'Union soviétique s'ouvre progressivement vers l'Ouest, provoquant une profonde protestation intérieure. Si bien qu'en ce 9 novembre 1989, les Allemands de l'Ouest verront les "Ossis" (ceux de l'est) se jouer des checkpoints sans opposition des douaniers. Et c'est dans la liesse que le mur de Berlin tombe enfin.