Hors du temps, l’étonnant musée Robert-Tatin

25/05/2020

Avec son architecture aux faux-airs de monument khmer, de temple inca, d'alignements mégalithiques ou d'île de Pâques, le musée Robert-Tatin de Cossé-le-Vivien (Mayenne) est une œuvre autant fantasmagorique que colossale. Dans le monde imaginaire et pittoresque qui s'ouvre à eux, les visiteurs en prennent plein les yeux.

Bordée par des statues de pierre, l'Allée des géants mène au cœur du musée.
Bordée par des statues de pierre, l'Allée des géants mène au cœur du musée.

D'abord, il y a cette grande allée rectiligne d'une centaine de mètres qui donne une idée de l'imagination d'un artiste s'étant attaqué à une œuvre titanesque. Dans un alignement tracé au cordeau, s'élèvent de chaque coté du chemin de gigantesques mastodontes de pierre aux formes déroutantes et extravagantes, dont les dimensions oscillent entre 2,50 m et 4,50 m de haut. Le point de vue sur l'ensemble est tellement bluffant qu'on pourrait presque se satisfaire de la découverte et arrêter sa visite sur cette vision.

Tout au long de cette Allée des Géants, chacune des dix-neuf statues de pierre révèle des savoirs divers avec des thèmes bien distincts comme l'histoire avec Vercingétorix ou Jeanne d'Arc, comme les arts avec Toulouse Lautrec, Picasso, Jules Verne ou Ubu Roi, comme la religion avec Sainte Anne et La Vierge de l'Épine. Deux d'entre elles vont curieusement jusqu'à symboliser le questionnement en s'intitulant Verbe Être et Verbe Avoir, tandis qu'une troisième honore les constructeurs en répondant à l'appellation de Maître Compagnon. Façon pour Robert Tatin de se revendiquer dans cette lignée de bâtisseurs.

Escortée par la double haie des personnages, dans la perspective, se dresse la Porte des Géants sur laquelle sont plaqués des hauts-reliefs représentant cinq grands peintres chers aux affinités de l'auteur : Delacroix, Goya, Léonard de Vinci, Rembrandt et Van Gogh. L'ensemble est surmonté sur son fronton par deux serpents issus de quelque mythologie ou légende mystérieuse... Attenant à ce mur, relié par une construction cubique ornée de scènes stylistiques, et posé en vigile statique, le spectaculaire Dragon à la bouche béante et à la langue pendue veut s'imposer comme étant l'entrée symbolique du musée.

Au titre de chef-d'œuvre parmi les chefs-d'œuvres de l'artiste mayennais, se présente enfin le Jardin des méditations, véritable ouvrage d'art à ciel ouvert dans lequel le visiteur est invité à pénétrer et à déambuler. Dans le ventre de cette sculpture organisée autour d'un bassin d'eau, le regard peine à trouver son chemin tant le foisonnement de propositions saute au yeux, entre salles d'exposition où trônent peintures et céramiques, recoins luxuriants, trésors cachés, bas-reliefs, sculptures, colonnades. C'est le guide qui indique une direction à la visite : ce sera dans le sens de la rotation de la terre.

Le Jardin des méditations, une destination à part entière au sein du musée.
Le Jardin des méditations, une destination à part entière au sein du musée.

C'est à partir de sa maison personnelle et des 500 m2 de terrain attenant que Robert Tatin fit grandir durant vingt ans ce colossal projet qui allait devenir ce musée de Cossé-le-Vivien. Après avoir beaucoup voyagé, de l'Amérique du Sud (Chili, Argentine, Uruguay, Paraguay) à la France (Paris, Vence, Chartres), il fit son retour dans sa région natale à l'âge de soixante ans pour s'y installer durablement avant d'y finir sa vie en 1983. Contemporain des Cocteau, Giacometti, Dubuffet, Prévert et Breton, celui qui fut tour à tour charpentier, peintre en bâtiment et artisan à son compte, était surtout un artiste reconnu de ses pairs en tant que peintre, sculpteur et céramiste.

À ce jour, le musée et ses jardins disposent de cinq hectares de superficie, comprenant des aires de pique-nique et de jeu, un labyrinthe végétal, un champ de sculptures contemporaines, un auditorium, un bois, un verger conservatoire, une mare circulaire. Le site se trouve à cette adresse : Musée départemental Robert-Tatin, " La Maison des Champs ", La Fenouze, 53230 Cossé-le-Vivien, à seulement 72 km d'Angers, entre Laval et Château-Gontier.