Galeries Lafayette, l’histoire en héritage

20/02/2020

Il n'a pas d'équivalent dans la ville. C'est le plus grand et le plus beau magasin d'Angers. C'est aussi le plus ancien. Avec ses 7 niveaux, ses 120 fenêtres, ses 17 vitrines en enfilade, ses 4 portes d'accès, il a des airs de palace immuable. Beau à l'extérieur mais également beau à l'intérieur. Et pour couronner la présentation, il trône en plein cœur de la cité...

L'ancien Grand Hôtel de la place du Ralliement vogue désormais sous les couleurs des Galeries Lafayette.
L'ancien Grand Hôtel de la place du Ralliement vogue désormais sous les couleurs des Galeries Lafayette.

Il y a eu le Palais des Marchands, il y a eu les Dames de France, il y a eu les Nouvelles Galeries. Nées à la fin des années 1800/début 1900, tout comme les fameux grands magasins parisiens qui les ont inspirées, ces enseignes ont contribué à l'essor du centre-ville vers la fin du XIXe siècle. Si les deux premières marques ont aujourd'hui disparu, la dernière continue sa vie sous les couleurs des Galeries Lafayette. Bien que racheté par ce groupe en 1993, certains Angevins continuent de nommer le magasin par son ancienne appellation, encore gravée dans la pierre sur une face de l'édifice.

Cette bâtisse, caractéristique d'une époque où les grands magasins se sont imposés dans la capitale et dans les grandes villes, conserve sa splendeur d'antan. Elle fut construite en 1901 lorsque la ville fut redessinée dans le sillage du courant hausmannien qui s'imposait alors comme un style architectural novateur. Avec ses hautes fenêtres cintrées et sa structure métallique dans la pure tradition Gustave Eiffel, Les Nouvelles Galeries siégeaient alors rue d'Alsace, tandis que le Grand Hôtel voisin s'ouvrait sur la place du Ralliement.

Avec leurs verrières Art déco, les grands magasins sont restés à jamais dans l'histoire des boutiques de charme.
Avec leurs verrières Art déco, les grands magasins sont restés à jamais dans l'histoire des boutiques de charme.

En 1919, à l'occasion de leur extension sur le site préalablement occupé par l'hôtel mitoyen, les Nouvelles Galeries vont devenir un lieu d'exception en occupant toutes les faces du pâté de maison, de la place du Ralliement, aux rues Saint-Denis, d'Alsace et des Angles. Naguère située à l'angle de ces deux dernières rues, et quelque peu noyée par l'étroitesse des artères, l'ancienne porte principale est marquée de quatre colonnades et surmontée d'une magnifique élévation d'angle arrondie. Néanmoins, de nos jours, les clients privilégient l'entrée de la place du Ralliement.

En entrant par cette devanture, le regard tombe sur un vaste escalier flanqué de deux ouvertures de distribution s'ouvrant sur des demi-étages, doublant ainsi le nombre de niveaux ainsi que les surfaces dédiées aux marchandises. En parallèle, il y a cette vision panoramique et verticale sur tous les étages qui interpelle le chaland. Et enfin, éblouissement ultime pour l'œil, on découvre cette brèche qui s'élève au-dessus des têtes et conduit sur cette verrière, trésor de l'Art déco et signature d'un temps aujourd'hui disparu. Magnifique !

Contrairement aux apparences, la lumière diffusée par la verrière n'est pas naturelle mais artificielle.
Contrairement aux apparences, la lumière diffusée par la verrière n'est pas naturelle mais artificielle.

Dans les années fastes, la révolution commerciale se développa avec l'arrivée de ces grands bazars modernes qui inventèrent une nouvelle forme de commerce. Dans leurs magasins de nouveautés aux décors inédits pour l'époque et destinés à briller de mille feux, cette modernité se traduisit aussi par une offre marchande jamais vue. La profusion y régnait. Témoin majeur de ce temps, l'écrivain Émile Zola y consacra un roman spécifique, Au Bonheur des Dames, dans lequel il parle « de cascade d'étoffes, d'éboulement de marchandises, de déballage géant, d'empilement de coupons, de débordement d'articles de bonneterie ».

L'accès à cette porte d'angle mène au rayon confection hommes.
L'accès à cette porte d'angle mène au rayon confection hommes.

Autant fréquentées que certains sites touristiques, les Galeries Lafayette demeurent de nos jours une destination très prisée des Angevins, et même un lieu de balade dans le centre-ville. Quel quidam n'a pas franchi ses portes, qui pour s'abriter de la pluie, qui pour trouver de la chaleur l'hiver venu, qui pour combattre la chaleur de l'été, qui pour meubler sa promenade ? Et quel chaland n'est pas venu quêter des idées de mode, de style, de tendance, d'inspiration parmi la diversité des offres ? Comme dans les pages d'un magazine.

Auréolé en 2012 par un label du patrimoine et inscrit dans l'histoire angevine, le magasin est tourné vers l'avenir et développe désormais ses activités vers l'international en créant des boutiques. Avec l'aide de ses 14 000 collaborateurs, le groupe vient non seulement de lancer un portail vendeur afin de suivre la concurrence, mais aussi d'initier un mouvement Go for Good afin de s'inscrire dans une démarche de mode responsable.