Esprit du Mali, l’expo photos tout en portraits

22/09/2019

Une découverte qui interpelle tant elle surprend avec des personnages africains tout en dignité et en splendeur. L'exposition qui se déroule actuellement au Grand théâtre d'Angers jusqu'au dimanche 6 octobre 2019 est l'oeuvre de Dany Leriche et Jean-Michel Fickinger, deux photographes qui travaillent exclusivement à deux.

Il y a les bouffons sacrés et les chasseurs de l'invisible. De singuliers qualificatifs pour des individus aux rites et aux mystères qui ne demandent qu'à être démasqués, comme souvent dans les minorités malmenées par l'uniformisation. Ce sont-là deux catégories qui représentent la tradition immémoriale du Mali avec ces hommes et ces femmes qu'on découvre sanglés dans des costumes flamboyants. Au-delà des apparences que nous montrent ces clichés, les auteurs de cette exposition s'appliquent à rappeler la résilience qui anime les cultes traditionnels. Souvent ignorés du plus grand nombre.

Dans cet « Esprit du Mali, Donsow et Korèdugaw », titre de l'exposition, on découvre deux confréries qui vont du visible à l'invisible. La première abrite les Donsow, sorte de société secrète dont les représentants sont initiés aux secrets des plantes et des animaux. Ces « Chasseurs de l'invisible », mais aussi féticheurs, guérisseurs et devins, soignent leurs patients en considérant trois aspects de la maladie : physique, psychologique et spirituelle. Gardiens des rites animistes, les « Donsow » ou chasseurs pouvant être paysans, mécaniciens, policiers ou diplomates, sont considérés comme des personnes savantes.

Tandis que les uns se montrent d'une discrétion affirmée, les autres paradent volontiers à l'occasion de fêtes, suscitant l'hilarité par leur comportement glouton, leur humour caustique et leur esprit. Faisant montre de sagesse et d'intelligence, ses membres sont de véritables médiateurs sociaux qui s'appliquent, eux aussi, à guérir les malades, conjurer le mauvais sort et faire des bénédictions. Vêtus de haillons ornés de colliers de fèves et d'un grand nombre d'objets, ces Korèdugaw, autrement appelés « Bouffons sacrés », occupent une place centrale auprès des communautés bambara, malinké, Senufo et samogo.

Auteurs de l'expo, Dany Leriche et Jean-Michel Fickinger, les deux photographes, oeuvrent régulièrement à quatre mains, elle en « metteur en scène », lui en « directeur de la photo », se démarquant sciemment de la pratique conventionnelle de l'image documentaire. Pour la présente réalisation, les auteurs ont choisi une galerie constituée uniquement de portraits de personnages hauts en couleur, l'objectif de l'appareil dirigé droit dans les yeux. Sans arrière-plan, sans fioritures autres que celles dont se parent les sujets, toujours sur fond blanc. Comme pour mieux se concentrer sur le propos.