Dubrovnik, destination slave, ambiance méditerranéenne
Un patrimoine architectural remarquable, des paysages idylliques, un littoral découpé en dentelle, un climat méditerranéen sur fond d'azur, des effluves entêtants... Chacun comprendra aisément pourquoi les voyagistes parlent de la Dalmatie et de sa capitale Dubrovnik comme de la perle de l'Adriatique.
Ce ne sont pas les visiteurs de retour de Croatie qui les démentiront, la réalité du terrain rivalisant avec les images proposées par les agences de voyage dans leurs brochures de papier glacé. Partout où le regard se pose, il y a matière à créer sa propre carte postale, tant le cadre se prête à photographier tout ce qui se présente à portée de vue. Et à moins d'être un esthète de la prise de vue, le modeste photographe des familles ne parviendra jamais à restituer ce qu'il voit.
Car effectivement, l'envoûtement agit dès la montée dans la navette qui conduit les voyageurs du tarmac de Cilipi à Dubrovnik. Dépourvue d'autoroute dans cette région méridionale, faute de superficie disponible pour construire une telle infrastructure sur l'étroite bande littorale, la route côtière serpente dans le vif du décor, avec la mer d'un côté et la montagne de l'autre. Alors, impossible d'envisager meilleure entrée en matière : la magie opère immédiatement.
Villages accrochés à la falaise, vue plongeante sur les petites criques, maisons les pieds dans l'eau, toitures rouges, îlots posés dans la baie, embarcations au mouillage... En moins de vingt petits kilomètres, distance qui sépare l'aéroport de l'hôtel de base, tout est dit avec ces panoramas offerts en guise de bienvenue. Personne ne pipe mot, tout commentaire demeure superflu. D'ailleurs, il est parfois des silences plus éloquents que les discours, ceux-là semblant dire : « Quoi d'autre après çà ? ».
La reconstruction grâce au tourisme international
Ce pays de l'ex-Yougoslavie qui fut l'un des premiers, juste après la Slovénie, à proclamer son indépendance a su tirer parti d'une autonomie chèrement acquise en s'ouvrant sur le tourisme international (12 millions de touristes pour 4,4 millions d'habitants). Il aura fallu auparavant en passer par une dévastatrice guerre qui aura duré jusqu'en 1995, mettant à genoux une partie des Balkans. En partie détruite, tout comme la Bosnie-Herzégovine voisine, la Croatie a quasiment reconstruit tous ses édifices bombardés à la faveur d'un programme de restauration de l'Unesco. Pour autant, le passé n'a pas été occulté, loin s'en faut. Même après l'entrée du pays dans l'Union européenne et ses perspectives de paix durable.
Pas un guide de voyage digne de ce nom ne se résoudra à soustraire une période qui fait partie de l'approche historique et politique du pays, fut-elle destinée à des touristes. « Vous les Français, vous faites partie de ceux qui se documentent le plus sur leurs destinations de vacances. Et ça nous convient parfaitement car nous avons besoin de raconter », concèdera notre cicéron dubrovčani (résident de Dubrovnik), en s'efforçant de partager avec force et conviction la part d'histoire de son héritage.
Pour autant, certaines manifestations visuelles ne manqueront pas d'interpeler les visiteurs sur les réminiscences d'une époque à jamais indélébile. Ainsi, ils auront été intrigués par le portrait géant d'un militaire accroché à la colline, telle une annonce publicitaire vantant quelque star improbable. Face à la curiosité de l'un d'eux le guide répondra spontanément que l'homme en question, le Général Ante Golovine, « est un héros de guerre ». Dont acte. Mais une recherche sur le net révélera que l'homme en question fut condamné pour crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, avant d'être acquitté en novembre 2012 à la grande satisfaction de la population. Une lecture que l'impertinent de service s'interdira de juger et d'interpréter, l'histoire s'en chargeant.