De valeureux chevaliers, des joutes équestres... retour au Moyen Âge

27/09/2019

Le jour décline en ce samedi d'été à Angers. La rue Toussaint a été coupée à la circulation et va devenir un terrain de bataille entre cavaliers tout droit sortis de l'époque médiévale. Conviés à une joute équestre qui va se jouer devant eux, de nombreux spectateurs se tassent derrière les barrières et attendent le début des assauts. Ce soir, ils ont rendez-vous avec l'histoire.

Sous le heaume et la cape, Charlyne, seule femme combattante de la compagnie Capalle.
Sous le heaume et la cape, Charlyne, seule femme combattante de la compagnie Capalle.

Initiée par la Ville et mise en forme par Destination Angers, la Balade du Roi René est une manifestation à la fois culturelle, historique et patrimoniale, qui propose des « sons et lumières », des visites de douves, une exposition au musée, des chants polyphoniques... et pour la première fois un tournoi de chevalerie en costumes d'époque. Pas moins que ça ! Et le tout dans une succession d'animations à découvrir dans le même périmètre, à proximité immédiate du château d'Angers.

Ouf, la nuit est tombée, la longue attente s'achève enfin. Une musique médiévale, caractéristique, surprenante, envoûtante, s'élève dans le ciel angevin, comblant l'impatience générale d'une foule accablée par la chaleur d'un été ardent. Aussitôt, les regards convergent vers la porte d'entrée du jardin des Beaux-Arts, là où des protagonistes venus du Moyen Àge ont établi leur campement, là ils vont entrer et sortir au gré des tableaux dans un incessant chassé-croisé. C'est sûr, ce voyage dans le temps promet d'être mémorable !

Des chevaliers hissés sur leurs fiers destriers vont s'affronter à tour de rôle en se croisant frontalement.

Premier à se manifester sur la « piste », un conteur au vocabulaire volontairement suranné (« oyez oyez gentes dames et beaux damoiseaux ») va électriser la foule « des gueux » et pousser les combattants à se défier dans des joutes individuelles de haute volée. Parés des couleurs de leurs royaumes ou de leurs comtés, tous ces sublimes chevaliers hissés sur leurs fiers destriers vont s'affronter à tour de rôle en se croisant frontalement. Assistés de leurs écuyers respectifs en charge de l'armement, ils vont être amenés à percuter de leur lance le pavois de leur opposant direct, à enlever un anneau circulaire, à éclater une boule de feu, à toucher une pomme posée sur un crâne... toujours sous les harangues du bateleur.

Sur l'asphalte de la rue Toussaint, les joutes entre chevaliers vont débuter.
Sur l'asphalte de la rue Toussaint, les joutes entre chevaliers vont débuter.

Surprise pour le public lorsqu'il découvre que le scénario écrit par la Compagnie Capalle a attribué l'un des principaux rôles au comte d'Anjou Foulques Nerra, personnage historique notoirement connu des Angevins et des historiens. Né en 970 et mort en 1040, cet homme hors du commun dans l'histoire du Moyen Age aurait passé sa vie à guerroyer pendant ses années de règne, mais aussi à édifier des forteresses, des donjons, des abbayes en Anjou, en Touraine, en Poitou. On doit notamment à ce grand bâtisseur l'église Saint-Nicolas et l'abbaye du Ronceray à Angers.

Et pourtant ce chef de guerre et grand seigneur, autrement appelé « Le Noir » ou « Faucon noir » par ses ennemis, n'aura pas le plus beau des rôles puisqu'il endossera celui du méchant et sera l'homme à abattre durant tout le spectacle. Face à celui qui fut si controversé à cause de la cruauté qu'on lui attribuait, on trouvera entre autres les chevaliers Geoffroy, duc de Bretagne ou Jacques, duc de Bourbon. Duels spectaculaires, cascades, chevauchées à bride abattue, embrasements de torches : les chorégraphies sont quasiment millimétrées. Et le volubile bateleur, toujours lui, n'aura de cesse de huer Foulques Nerra et d'appeler le public à se joindre à la vindicte, faisant monter l'ambiance sans coup férir. Du beau spectacle !

Et du monde à le regarder, beaucoup de monde...