Dans la rue, une exposition sur la Résistance et la Déportation

23/04/2021

Le 8 mai 1945, l'Allemagne nazie signait sa capitulation, concédant ainsi sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale après cinq années d'un confit généralisé. Afin de commémorer cet événement, Angers a choisi de mettre en lumière les héros angevins de la Résistance ainsi que les victimes de la Déportation conduites vers des camps d'extermination.

C'est une étonnante exposition qui interpelle, d'autant qu'elle a été installée extra-muros, sur le boulevard de la Résistance-et-de-la-Déportation, face à l'Hôtel de Ville d'Angers. Dressés en plein milieu du trottoir, sur le lieu de passage des piétons, six totems présentent les portraits de vingt-deux Angevins à travers leur histoire individuelle pendant ces années de sinistre mémoire. Cette galerie de personnages intitulée « Regards sur la Résistance et la Déportation » se tient du 20 avril au 19 mai 2021.

Parmi les figures célébrées, les femmes ne sont pas les dernières à s'être engagées dans la résistance comme notamment Jeanne Letourneau, (1895-1979), Anne-Marie Baudin, déportée et gazée, Madeleine Allais, (1909-1995), Marie-Amélie Cambell, (1909-1989). Il y a aussi ceux qu'on considère comme les résistants de la première heure : Henri Fruchaud (1894-1960), Marcel Riveau (1920-2013), Maurice Magneron (1923-2012), Robert-André Déan (fusillé en 1942).

Victor Chatenay (1886-1985), ancien maire d'Angers, la famille Mottay et les résistants de Seiches, Jeanne Heon-Canonne (1906-1978), docteur en médecine : voilà les trois Angevins engagés dans le réseau Honneur et Patrie créé par le premier nommé. Quant aux grandes figures de la Résistance angevine, l'exposition se souvient des noms de Maurice Tardat (mort à Buchenwald en 1944), de Joseph Cussonneau (mort en déportation en 1945), de Jean Prédali (tué dans une embuscade en 1945), de Roland de la Poype (1920-2012).

Autres personnages aux destins brisés, ces jeunes gens de l'École normale d'Angers, tous emportés dans la tourmente : Adrien Tigeot, instituteur à Fontevrault puis à Corzé, fusillé le 13 décembre 1943 ; André Moine, élève-maître au lycée David-d'Angers, condamné à mort et fusillé le 13 décembre 1943 ; Charles Bénier, d'abord affecté dans un Kommando à Kustrin (Prusse-Orientale) et libéré par les Russes, puis mort d'épuisement en 1945 ; René Brossard, décédé sous la torture de la Gestapo en 1943 ; Robert Fontaine, prisonnier à Buchenwald, disparu et déclaré mort en 1944.

Sur les six totems, l'un deux est consacré au fameux convoi numéro 8 du 20 juillet 1942, avec 879 déportés à bord dont seuls 17 survivront. Raflés et acheminés par autobus, de nombreux juifs de la région seront rassemblés sur le quai de débarquement du Maroc, à la gare Saint-Laud d'Angers, puis conduits directement à Auschwitz. Autres victimes de ce convoi les parents de Leo Bergoffen (1922-2020), lui même déporté mais survivant, et Maurice Josefowicz (gazé dès son arrivée à Auschwitz).

Érudits ou simples amateurs d'histoire, nous ne saurions vous inciter à un petit détour par cette exposition, modeste par son envergure - puisque installée sur quelques dizaines de mètres carrés - mais impressionnante par sa présentation et son thème. Sur la hauteur totale de ces totems verticaux, et sur quatre faces, on trouve assez de matière pour s'immerger dans un livre à ciel ouvert à travers des chapitres aussi passionnants que captivants.

Pour ceux qui rateront l'expo, la ville d'Angers vous invite à découvrir son contenu en ligne.