Dans la foule… égaré dans un autre monde

13/09/2019

En marge du festival des Accroche-cœurs qui battait son plein aux quatre coins de la ville, d'autres vivaient leur petit bonhomme de chemin. Quitte à faire un peu n'importe quoi, comme ce pauvre hère, perdu dans un monde irrationnel qu'il était le seul à occuper.

Vue du Pont de Verdun et du Pont des Arts-et-Métiers.
Vue du Pont de Verdun et du Pont des Arts-et-Métiers.

En contrebas du quai Robert-Fèvre, entre le Pont de Verdun et celui des Arts-et-Métiers, un homme était en train de ramasser (de déterrer) systématiquement toutes les pierres qu'il trouvait dans son champ de vision avant de les jeter dans la rivière. Se livrant à un travail méthodique de démolition, il ne laissait rien de minéral autour de lui, allant jusqu'à s'acharner sur les gros blocs d'ardoise qui étaient enterrés, quitte à s'abîmer les mains à racler la terre de ses doigts. Le tee-shirt collé au torse par la sueur, les yeux hagards, comme pénétré par sa mission, il était tout bonnement en train de « désempierrer » la rive. Certes, l'action se déroulait à son échelle, sur les quelques mètres dont il disposait autour de lui. Mais sûrement que la scène aurait fait bondir plus d'un défenseur de l'environnement

Au-dessus de lui, des badauds évaluaient la scène avant de reprendre leur route pour y vivre la réalité de la rue et son ambiance de fête. Avant que l'un d'eux ne croise son regard et puisse enfin s'adresser à lui : « Monsieur, ne faites pas ça, s'il vous plait ! Ce n'est pas bien, arrêtez ! », lui demanda t-il. Comme sonné par une admonestation, ce qui n'était pas le but recherché par l'intervenant, le pauvre bougre se trouva stoppé net dans son élan et trouva son salut en se dissimulant sous les arbres voisins. Comme pris en flagrant délit...

(Instantané de vie. Sur les quais de la Maine, Angers, été 2019).