« Arts au couvent », voyage sur la planète des artistes

13/10/2019

Dressé au milieu d'un lotissement ordinaire, dans une artère où les maisons se succèdent dans un alignement contraint, un grand portail apparaît soudain, légèrement en retrait de la rue. Là, au 96 rue de Nazareth à Angers, aux confins de la ville, juste avant d'entrer dans la commune d'Avrillé, se déroulent « Arts au couvent », une manifestation artistique insolite, unique, ultime.

Derrière la grille d'entrée, le voyage commence avec ces premières façades en couleurs.
Derrière la grille d'entrée, le voyage commence avec ces premières façades en couleurs.

« Arts au couvent », c'est une exposition qui n'aurait jamais dû se tenir dans un tel environnement et à cette échelle. D'abord parce que personne n'aurait pensé qu'on puisse un jour convertir les murs d'un ancien couvent de religieuses - lieu de piété par excellence - en un territoire offert aux peintres et aux graffeurs, ces « iconoclastes » dont l'art consiste à transformer les pignons, les façades, les volets à coups de bombes aérosol, de pinceaux et de pots de peinture. Ensuite parce qu'il fallait repérer ce lieu promis à la démolition et le métamorphoser en un lieu de culture à ciel ouvert. Tombée sous le charme de l'endroit, convaincue de son potentiel, Doris Koffi, la présidente de l'association Art Project Partner, en a fait une gigantesque demeure pour artistes avant qu'elle ne disparaisse sous les pioches des bâtisseurs.

Présents en nombre, venus d'un peu partout en France, reconnus dans le monde du street art et de la peinture, ils sont plusieurs dizaines à avoir investi l'ancien couvent des soeurs du Bon Pasteur et ne se sont pas fait prier pour revisiter tout ce qui pouvait servir de support (plafonds, murs, escaliers, etc.). Ils sont partout, dans les couloirs, les escaliers, les chambres, en extérieur, à l'intérieur, ces peintres et graffeurs ont amené avec leurs oeuvres éphémères de la couleur, de la vie, du rêve, de la poésie à grande échelle... Le résultat est inattendu, bluffant, superbe. Abandonnés depuis quelque temps aux intempéries, les bâtiments de l'ancienne communauté religieuse sont devenus, le temps d'une gigantesque exposition, des tableaux géants.

Durant un mois et demi, du 5 octobre 15 novembre 2019, l'art urbain va continuer à faire feu de tout bois avec la présence d'une centaine d'artistes invités à s'exprimer sur un terrain à leur démesure. L'événement a l'ambition d'offrir une balade poétique d'exception dans ce lieu que les organisateurs présentent comme la « plus grande résidence d'artistes en France », formule qu'on serait tenté de croire, et même d'approuver sans réserve. À cet égard, les organisateurs ont également convié des artistes issus de disciplines différentes : plasticiens, graveurs, dessinateurs, céramistes, calligraphe, vidéastes, musiciens, danseurs...

Plus qu'une manifestation artistique, « Arts au couvent », c'est surtout un voyage qui restera unique, ultime, définitif. Dès la grille d'entrée franchie, on découvre un parc majestueux de près de 6 hectares, ceinturé par un mur, planté d'arbres séculaires, de vergers, d'une végétation luxuriante, dans lequel se dressent une bâtisse principale, des bâtiments annexes, une chapelle, une maison de gardien, un pavillon, un hangar. En soi, le décor est tellement envoûtant qu'il pourrait se suffire à lui-même. Mais non ! Et on en connaît la raison, Doris Koffi et son association en ont décidé autrement : ce dernier voyage sera aussi un enchantement culturel... Il l'est !

Bien sûr, il n'y aura pas de retour sur cette destination puisque le cadre est destiné à disparaître afin de céder la place à une opération immobilière. Toute plébiscitée qu'elle soit, la présente manifestation peut véritablement revendiquer son qualificatif d'éphémère. Pour l'heure, cette manifestation singulière et picturale, visuelle et graphique, certains spectateurs seraient capables de lui attribuer le qualificatif de chef-d'oeuvre en péril. Au final, « Les Arts au couvent » ont le mérite de célébrer de concert la culture et le patrimoine en les réunissant sur un même terrain.

« Arts au couvent », 96, rue de Nazareth, 49100 Angers.
Tarif entrée : 4 €. Gratuit jusqu'à 12 ans. Petite restauration sur place.