Art nouveau, art déco : un air de nostalgie
En organisant un parcours touristique sur le thème « Art nouveau, Art déco », l'Office de tourisme angevin, piloté par Destination Angers, a décidé de promouvoir ce courant artistique. Même si Angers n'est pas très nantie en édifices du genre, contrairement à d'autres villes de l'Hexagone, la visite a emballé les visiteurs.
Rassemblement devant l'incontournable hôtel d'Anjou. Édifice emblématique du boulevard Foch de plus de cent vingt ans d'âge, il fut construit en 1857 sur deux niveaux et rehaussé d'un 3e étage quelques années plus tard. Il doit sa notoriété grâce à l'éclat du lieu qui se révèle à l'intérieur en découvrant cette fameuse salle décorée avec des mosaïques d'Isidore Odorico. Surmonté par une mezzanine et une verrière Art déco, ce lieu de toute beauté a été révélé par hasard à l'occasion de travaux. De nos jours, cet établissement, classé quatre étoiles, est fréquenté par une clientèle aisée.
Le bleu, l'or, le dégradé... Ce sont les couleurs de prédilection du mosaïste Odorico qui a récidivé à quelques pâtés de maisons de l'hôtel d'Anjou en signant l'habillage d'un célèbre immeuble. Voici la « dite » Maison Bleue, à l'angle de la rue d'Alsace et du boulevard Foch, construite en 1929 sur sept étages dans le but de réussir une opération immobilière. Afin de matérialiser sa décoration intérieure-extérieure toute parée de mosaïques, Odorico a utilisé la technique des plaques en béton en les travaillant à l'unité. Inscrit au titre des Monuments historiques, ce luxueux bâtiment Art déco suscite la fierté des Angevins.
Une seule façade. Rien qu'une magnifique façade coincée par la mitoyenneté de ses deux voisines. L'immeuble atypique du 5 rue Montauban, voie reliant les rues d'Alsace et Saint-Julien, fut commandé par Édouard Cointreau et construit à partir de 1914 dans un style résolument Art nouveau avec ses représentations florales et stylistiques. Édifiée pour affirmer le statut social de son propriétaire, cette construction surmontée par la sculpture d'une femme nue sur son fronton, avait eu pour résultat de choquer la population.
Avec sa vaste façade surmontée à la verticale par une belle surface vitrée, le Palace fut pendant cinquante ans le plus important cinéma de l'Ouest lorsqu'il s'appelait encore le Familia. Située à l'angle des rues Louis-de-Romain et Frankin-Roosevelt, à l'ombre portée de la Poste, l'entrée est coiffée par un magnifique chapiteau paré du nom de l'établissement et de mosaÏques bleues. Érigé à partir des années 1920 par la société des chocolats Poulain, ce cinéma, qui fut une référence des cinéphiles angevins, cessa son activité en 1980 pour devenir une galerie marchande. Ce qu'elle est encore de nos jours.
Surtout, on ne bouge pas et on effectue une rotation sur place ! Pas de recul possible ici, on lève les yeux et on porte son regard sur la Poste centrale d'Angers, construite dans un style Art nouveau caractérisé par ses bas-reliefs. Inscrites dans la pierre, « Postes Télégraphe Téléphone », les lettres ne laissent aucun doute sur la destination du bâtiment qui énumère ses modes de transport successifs, à savoir des pigeons, une montgolfière, une diligence, un bateau, un avion.
Autre construction au look « osé » et tarabiscoté, le Boléro (ex Alcazar) situé au 38 rue Saint-Laud, à l'angle de la rue Claveau. Tour à tour cabaret, café-concert, dancing ou club privé, ce bâtiment de divertissement est doté d'une splendide façade d'angle, laquelle est surmontée de bow-windows, de fenêtres ouvragées et de jolies sculptures en pierres de tuffeau. À découvrir !
En déambulant dans le seul centre-ville d'Angers, sur un périmètre volontairement restreint, chacun aura pu observer au hasard de plusieurs façades des modèles Art déco/art nouveau parmi les plus significatifs. La visite, délibérément sélective et concentrée à l'usage des seuls piétons, avait pour but de promouvoir quelques sites répertoriés et reconnus d'un courant artistique, sans objectif d'exhaustivité.