Abstract : le design comme ressource universelle et richesse inépuisable

07/04/2021

A cause des conditions sanitaires que nous connaissons désormais tous, l'accès à la culture est plus que jamais limité, et ce depuis une année maintenant. Pourtant, la virtualité s'est imposée comme révolutionnaire au sein de cette crise planétaire, et les écrans ont su apparaitre comme échappatoires : et c'est précisément sur ces écrans que nous pouvons plonger tête la première au cœur du design, dans cette série remarquable qu'est Abstract.

C'est un pari réussi pour Scott Dadich, ancien rédacteur en chef du magazine américain Wired et désormais créateur et producteur exécutif d'Abstract : L'art du design. Avec deux saisons à son actif, la série documentaire américaine, originale de la plateforme Netflix, nous fait voyager à travers le globe mais surtout à travers les yeux des designers qu'elle met en avant. Chaque épisode, réalisé sous la forme d'un mini-film indépendant, est consacré au portrait complet d'une personnalité du monde du design. Et avec pour trame principale le processus de création de chacun des artistes, Dadich et son équipe technique nous emportent dans une folle aventure, au cœur de laquelle ils démontrent l'importance du design sous toutes ses formes et tous les jours. Grâce à une réelle immersion au sein de l'esprit des créateurs, c'est là l'innovation, la créativité, l'ambition et surtout l'audace qui sont mises en exergue tout au long d'Abstract. Et pour notre plus grand bonheur, ça fonctionne parfaitement !

Nous sommes indéniablement entrainés dans ces portraits malicieux et inspirants, relatés avec passion et un profond sens du détail, qui mélangent interviews des artistes et séquences documentaires imagées. Diverses disciplines sont exposées au fil des épisodes, parmi lesquelles on va de l'architecture jusqu'à la scénographie, en passant par le graphisme, la typographie, le design automobile, l'illustration ou encore la photographie. C'est avec un format d'une quarantaine de minutes, particulièrement dynamique et coloré que la série Abstract nous plonge dans un univers aux ressources inépuisables, que sont les couleurs, les formes, les tailles, les assemblages et les matières ; tout cela relaté par des personnalités à la création incommensurable, parmi lesquelles figurent Bjarke Ingels, Ruth Carther, Tinker Hatfield, Paula Scher, Es Devlin ou encore Jonathan Hoefler.

« Ce qui compte c'est l'histoire, le message, l'émotion, le lien qui se tisse. C'est ça le design. » Platon, designer photographe.

Et c'est là l'immense confirmation que le design est partout, que le design est important, que le design est universel. Sur les chaussures Nike tant portées par des générations entières, sur les tableaux à craie indiquant les cafés dans la rue, sur le décor qui se tient derrière un artiste lors d'une performance, sur les costumes que l'on observe sur l'écran de cinéma : le design touche tous les aspects de la vie, et surtout, il façonne cette dernière. Et alors que l'on apprend de l'histoire, du passé, de la vision de chacun des designers, on y apprend également beaucoup sur l'inspiration et la capacité à se surpasser dans un monde créatif où les places sont chères. La réalisation hors-norme et à moyens conséquents (drones, objectifs à focale fixe...) font de la série une immersion totale dans les reliefs du design, qui nous amène à penser le monde autrement grâce à la création. Souhaitant donner un sens profond à notre réalité et à ce qui nous entoure, Scott Dadich l'a réussi avec brio, et il le dit lui-même : "Si nous l'avons bien fait, Abstract vous aidera à comprendre l'avenir en voyant l'intention derrière les objets qui nous entourent et la beauté des décisions qui les ont menés." Explorant avec grâce l'art, la science et la philosophie de ce qu'est réellement le design, les visionnaires présentés dans Abstract nous montrent comment ils dessinent la culture d'aujourd'hui mais aussi et surtout celle de demain.

Série documentaire de 2 saisons à retrouver sur Netflix.

Bande annonce saison 1 - Bande annonce saison 2.

Par Nina Malleret