À l'époque des Romains, une enceinte autour de la ville

18/06/2022

En ce temps-là le château du roi René n'existait pas, car c'est seulement à partir du XIIIe siècle qu'il fut construit par Blanche de Castille, la mère du futur Saint-Louis. À la place et à proximité, il y avait Juliomagus, cité de la Gaule romaine et ancêtre d'Angers, bâtie sur les hauteurs de la Maine. Et tout autour, des remparts gallo-romains pour se protéger des invasions.

Sous le bitume de la place Kennedy, une enceinte et une tour datant de l'époque romaine.
Sous le bitume de la place Kennedy, une enceinte et une tour datant de l'époque romaine.

Et c'est cette enceinte antique, datant de la fin IIIe siècle et du début du IVe siècle, que des fouilles archéologiques menées dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain de la place Kennedy ont mise au jour. Cette découverte, pour exceptionnelle qu'elle soit, ne fait que confirmer ce que les chercheurs pressentaient depuis qu'un premier sondage réalisé en 1921 par le chanoine Paul-Marie Minier avait émis l'hypothèse de cette construction. Ce monument serait le plus grand que la ville ait compté avec ses 1 300 mètres de linéaire sur 4 mètres d'épaisseur par 10 mètres de haut.

Avant de livrer le site aux pelleteuses des ouvriers, une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) élabore un diagnostic sur le potentiel de la découverte en se livrant à un processus appelé archéologie préventive. Hasard du calendrier aidant, et dans le cadre des Journées européennes de l'archéologie, les autorités avaient accepté d'ouvrir le chantier de fouilles aux visiteurs. "Ce genre de visite au public reste exceptionnelle. Il s'agit de déterminer si oui ou non des fouilles complémentaires seront entreprises sous l'égide de la DRAC et de l'État", explique Frédéric Guérin, responsable des opérations et archéologue à l'Inrap.

Sous la conduite des archéologues de l’Inrap, les visiteurs ont découvert une partie de l'histoire angevine.
Sous la conduite des archéologues de l’Inrap, les visiteurs ont découvert une partie de l'histoire angevine.

Pour le badaud de passage, le chantier pourrait vaguement ressembler à une quelconque tranchée creusée à la pelle mécanique sur quelques dizaines de mètres, sauf qu'à y regarder de plus près, on s'aperçoit vite qu'il a été placé sous la tutelle d'hommes en chasuble rouge, archéologues de leur état. Sous le bitume du parking, un imposant mur, une courtine, et l'arrondi d'une tour ont en effet été révélés et surprennent par leur remarquable état de conservation. En conséquence, les archéologues s'affairent à décortiquer le mode de construction employé (usage de briques, de roche arkose, de schiste, etc) par les contemporains de l'empereur romain.

Ancien territoire de la tribu des Andécaves conquis par Jules César, puis devenu Juliomagus, une ceinture protégeait ce chef-lieu romain sur près de 10 hectares, au-delà de la cité historique et de la cathédrale. Sur l'enceinte, se trouvaient trois entrées (rue Rangeard, la cathédrale, le château), quinze tours défensives, deux poternes (Montée Saint-Maurice, rue de l'Esvière), avec, derrière la muraille, le tracé de rues parallèles et perpendiculaires donnant naissance à des édifices maçonnés, des places publiques, des thermes, des nécropoles, un forum...