A la Villa Médicis, les baigneurs ont trouvé la plage

20/09/2021

En même temps qu'elle ouvrait ses portes dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, la Villa Médicis (ancien évêché de la place Monseigneur-Rumeau) accueillait un spectacle proposé par le Centre national de danse contemporaine (CNDC) d'Angers.

Les Baigneurs de Clédat et Petitpierre ont offert un grand moment de poésie en ce dernier dimanche d'été.
Les Baigneurs de Clédat et Petitpierre ont offert un grand moment de poésie en ce dernier dimanche d'été.

Quand le spectacle et le patrimoine se donnent rendez-vous dans le cadre bucolique d'un joli jardin à la française, le jeu en vaut la chandelle et conduit invariablement au plébiscite. En proposant un spectacle intitulé Les Baigneurs de Clédat et Petitpierre, le Centre national de danse contemporaine d'Angers a enchanté un parterre de spectateurs ravis d'accepter une invitation totalement gratuite et désintéressée.

Maillots à rayures, rondeurs affirmées, démarche pataude, deux grosses poupées à la peau rose, entièrement enveloppées sous un habillage de tulle plissé, ont emmené le public dans leurs pérégrinations à un rythme volontairement soporifique. Sous les costumes de bain, les deux performers que sont Clédat et Petitpierre se sont glissés dans une déclinaison vivante et amusée d'un sujet largement représenté dans la peinture : les baigneurs.

Avec deux serviettes bleues et un ballon jaune pour seuls accessoires, Les Baigneurs ont gentiment moqué nos comportements de vacanciers en approche sur une plage. Dans une lenteur savamment mimée, ils ont restitué les hésitations qui caractérisent les postulants en quête d'une parcelle de sable sur la plage, la meilleure, cela va de soi. D'entrée, et avant de se lancer dans leur quête, nos deux silhouettes balancent entre atermoiements et faux départ : regards circulaires, hésitations, pas en avant, en arrière, de côté, petit baiser pour se donner du courage...

Comme un éloge à la lenteur et au farniente, les baigneurs de la Villa Médicis ont d'entrée capté l'attention d'un public tout disposé à les suivre dans leurs valse-hésitations. Faux départs, vrais arrêts, debout, allongés : les décisions se multiplient et se contredisent, toujours dans une économie de gestes. Au milieu du jardin à la francaise, les deux bipèdes boudinés posent tranquillement leurs serviettes de bain pour faire une pause, s'allongent, s'étirent. Allongés dans le sable, pardon dans l'herbe, ils réfléchissent au ralenti. Comme si les quelques mètres qui venaient d'étre parcourus au rythme du gastéropode les avaient fatigués.

Puis ils se relèvent, repartent. Jouent au ballon, osent des squats, des abdos. Un peu, pas de trop, évidemment ! Alors, on reprend la marche en avant, c'est qu'il reste au moins cinq mètres pour atteindre le bout de la pelouse, ou de la plage. Dame, ça fait peur tout ce chemin à parcourir ! Il faut réfléchir au pas qui succède à l'autre, faudrait pas risquer la chute. Donc énième arrêt : on se regarde, on regarde autour de soi, et on s'arrête de nouveau ! Le tout sans parole, sans musique, sans action brusque... mais dans un grand moment de poésie.

Et toujours sous un soleil, lui aussi alternatif, pour accompagner la performance...