Au bonheur des petites boutiques d'antan

04/08/2020

Sur deux niveaux d'exposition, le musée Aux anciens commerces de Doué-la-Fontaine présente une vingtaine de boutiques d'autrefois, des années 1850 à 1950. De la rue reconstituée aux métiers oubliés, de la droguerie au barbier, de la réclame publicitaire aux objets introuvables, l'embarquement pour le voyage est garanti.

Dans la rue reconstituée, on prend plaisir à flâner en faisant du lèche-vitrine.
Dans la rue reconstituée, on prend plaisir à flâner en faisant du lèche-vitrine.

Dans les magnifiques Écuries Foulon de Doué-la-Fontaine (anciennes parties équestres d'un château aujourd'hui disparu), on trouve un musée qui remonte le temps avec des reconstitutions de boutiques oubliées, toutes plus vraies que nature. Dans ce lieu, les conservateurs ont su recréer tout un univers de petits magasins où le visiteur reste coi devant chacune des devantures. Des milliers de détails s'y additionnent. Que l'on soit jeune ou plus âgé, que l'on découvre ou que l'on redécouvre, la surprise vous attend au coin de l'échoppe.

Un travail de reconstitution qui raconte beaucoup de l'histoire des anciens et leur mode de vie.

C'était une époque où les grandes surfaces et la grande distribution n'avaient pas fait leur apparition, où internet et les achats en ligne n'avaient pas été inventés, où les comparatifs de produits n'existaient pas... C'était une époque où le client pouvait se faire conseiller, où il ramenait ses bouteilles consignées, où il pouvait acheter des œufs à l'unité, où il découvrait les nouveautés venues de Paris... C'est une époque qu'on redécouvre à travers un formidable labeur de reconstitution qui raconte beaucoup de l'histoire des anciens et leur mode de vie.

D'anciennes boutiques rappellent le quotidien du petit commerce dans les villes et villages : pharmacie, bistrot, épicerie, tabac presse, chapelier, barbier coiffeur, marchande de jouets, cordonnier, armurier. Des scènes restituent l'ambiance de plusieurs époques, comme cette cuisine vintage avec meubles en Formica, ce grenier où s'entasse un bric-à-brac insensé, ce cabinet de dentiste d'un autre temps, cette pharmacie aux milliers de produits (huile de foie de morue, pastilles miracles, potions).

Chez l'armurier, on trouvait notamment le fameux miroir aux alouettes, un piège à volatiles, dont l'usage fut interdit en 1960.
Chez l'armurier, on trouvait notamment le fameux miroir aux alouettes, un piège à volatiles, dont l'usage fut interdit en 1960.

Les annonces, les avis, les conseils étaient de mise. Sur une affiche, les règles du commerce sont édictées en noir sur blanc (prix de revient + bénéfice = prix de vente) avec croquis à l'appui : étaient-ce à l'intention des écoliers, des clients ?.. Sur sa devanture, le cordonnier a affiché une offre d'emploi à l'écriture manuscrite : « On recherche un ouvrier sabotier, célibataire de préférence, sachant faire les modèles et susceptible de diriger une saboterie »... Le chapelier se désole : « En raison du rationnement du gaz, la maison ne peut s'occuper des réparations ». De son côté, le pharmacien prévient les indélicats : « L'apothicaire vous demande de ne pas feuilleter son ordonnancier ».

« Des jouets pour tous les goûts, pour tous les âges », annonce cette réclame sur la vitrine de la marchande de jouets. Derrière la devanture, on aperçoit ce fameux jeu des osselets qu'on insérait entre les phalanges, ces figurines métalliques de coureurs cyclistes, ces soldats de plomb qui ont fait la joie des enfants... Au Tabac-Presse, sous la « carotte » rouge (obligatoire depuis 1906), on rappelle que le tabac à rouler - très en vogue chez les messieurs - se vendait sous trois formes : à rouler, à priser, à mâcher. Entre les deux guerres, il y avait peu de marques de cigarettes vendues en paquet, si ce n'est Les Gauloises et les Élégantes.

Pour exercer dans une épicerie, un CAP de commis-épicier était délivré jusque dans les années 1960.
Pour exercer dans une épicerie, un CAP de commis-épicier était délivré jusque dans les années 1960.

Chez l'épicière, on nous apprend qu'on distribuait l'huile de table à la pompe, l'eau de Cologne au réservoir, la moutarde en vrac... et que les gens arrivaient avec leur bouteille, leur flacon, leur verre. Les grandes marques, quant à elles, conditionnaient leurs produits dans des paquets de papier, de carton ou en boîtes métalliques : Kub, Leroux, Becco, Menier, Banania, Lu, Brun...

Avec leurs dates de mises sur le marché, de nombreuses marques ont traversé les ans : Menier (1816), Vichy (1825), Viandox (1889), Maggi (1887), Lipton (1893), Poulain (1848), Saint-Michel (1905), Cadum (1907), Meccano (1907), Mir (1923), Banania (1912), Valda (1904)... Certaines formules de publicité sont encore dans les mémoires, d'autres soutirent un sourire : « Quand il y a Poulain, il y en a pour deux », « En cas de grippe, pas de panique, je vous propose un lait de poule », « Rats Killer, le poison qui tue les rats sans appâts », « Masticon, le médecin des toitures vitrages, répare les fuites ».

Aux anciens commerces. Musée des Écuries Foulon, 279, rue du Lavoir, 49700 Doué-la-Fontaine. Site internet.